Kenya
L’Afrique, un continent aux larges potentialités agricoles, mais non encore exploitées. Entre autres causes, le manque d’une main-d’oeuvre jeune et les nombreux préjugés que celle-ci se fait du secteur. Au Kenya et en Tanzanie voisine, une émission de téléréalité veut changer les choses.
“Don’t lose the plot” (littéralement, ne perdez pas la parcelle”) s’est invité dans le quotidien des Kényans et Tanzaniens il y a quelques mois. Cette émission, la première du genre en Afrique qui reçoit le soutien du gouvernement américain, forme les participants et leur donne des parcelles à cultiver, avec à la clé, un prix de 10 000 dollars pour les plus productifs. L’objectif : prouver aux jeunes que l’agriculture peut être amusante et rentable.
“Ce que nous espérons accomplir … c’est d’abord de montrer aux gens qu’ils peuvent se faire de l’argent grâce à l’agriculture ; de changer le profil d‘âge des agriculteurs en Afrique de 60 ans à une population plus jeune. Et la prochaine chose que nous voulons faire est de montrer aux agriculteurs, aux jeunes notamment, qu’ils peuvent utiliser leur mobile et la technologie pour cultiver et atteindre leurs objectifs”, déclare la productrice Patricia Gichinga, productrice du show.
Leah Wangari, jeune Kényane, en a fait l’heureuse expérience malgré elle. Fascinée par une carrière d’hôtesse de l’air, elle s’est finalement reconvertie dans l’agriculture faute de débouchés. Arrivée deuxième du concours l’an dernier, elle est devenue une fermière à plein temps. “Quand je vois des jeunes hommes du village qui sont maintenant oisifs, je suis déçu parce qu’il y a beaucoup de terrains inutilisés et dont ils peuvent se servir pour joindre les deux bouts”, suggère-t-elle après avoir fait une récolte qui lui a rapporté 1 000 dollars.
Mais, sur le continent, le projet certes ambitieux, nécessitera beaucoup d‘énergie au regard des obstacles auxquels fait face le développement de l’entrepreneuriat agroalimentaire en Afrique. En premier lieu, les préjugés que se font les jeunes de l’agriculture qu’ils considèrent comme un travail pénible et réservé qu‘à des pauvres paysans.
Une alternative au chômage des jeunes
“La plupart des jeunes Africains pensent que l’agriculture est un travail éreintant qui rapporte des cacahuètes”, écrivait l’an dernier dans le magazine New African l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, lui-même agriculteur et président du Prix africain de l’alimentation doté de 100 000 dollars. “Cette impression, bien que largement inexacte, est dans une certaine mesure compréhensible”, a-t-il concédé.
Si les jeunes Africains, qui représentent environ 65 % de la population, ne s’aventurent pas dans l’agro-industrie, “alors il y a peu de chance que l’agriculture ait un impact transformateur sur les fortunes du continent”, a poursuivi Obasanjo.
En effet, selon les experts, l’une des clés du succès de l’Afrique réside dans l’agriculture qui permettra d’accroître le commerce, de créer plus d’emplois et d’améliorer l’autosuffisance alimentaire sur un continent où l’insécurité alimentaire est la plus élevée au monde. Et pourtant, le potentiel y est. L’Afrique détient à elle seule 60 % des terres arables non cultivées de la planète.
Mais avant, il faudra améliorer les lois sur le foncier, régler les conflits interethniques, récurrents sur le continent, investir dans l’industrialisation de l’agriculture et bien sûr, changer la perception qu’ont les jeunes de ce domaine.
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