Maroc
La ville de Marrakech, au Maroc, vivra au rythme de l‘événement artistique jusqu’au 8 mai prochain. Une occasion pour les artistes de divers styles et horizons de mettre en relief leurs talents.
Le thème choisi pour cette année est “Not New Now”. Les œuvres artistiques du monde méditerranéen sont à l’honneur. La Biennale a pour présidente d’honneur cette année la conservatrice Reem Fadda. L’artiste algérien Rachid Koraïchi a érigé un monument, rendant ainsi hommage à ses parents. L‘œuvre s’intitule « Prière pour les absents. »
« Donc, je voulais par les mots sur cette pièce raconter en fait notre lien formidable. Après ma vie, cela restera aussi pour mes enfants ou petits-enfants. Et le but est aussi de marquer l’accompagnement dans une œuvre. Je suis artiste grâce à eux. Ils ne m’ont jamais bloqué, ils ne m’ont jamais interdit. Au contraire, ils m’ont beaucoup poussé à le faire. » , a dit l’artiste.
Eric Van Hove, artiste belge né en Algérie, fait dans un tout autre style. Il présente une création faite de cuir, de bois, d’acier recyclé, de plâtre, et même… de morceaux d’os. L’ensemble reproduit un moteur diesel et l‘œuvre ne laisse personne indifférent. A travers sa création, Eric Van Hove veut montrer « l’ambiguïté intrinsèque du buldozer, une machine capable du meilleur comme du pire. » :
« Ce moteur m’intéresse depuis longtemps, car c’est une machine civile, faite pour la construction, mais aussi utilisée dans les régions en guerre, et cela, depuis le Viêtnam. Il a été utilisé en Irak et dans toutes les guerres jusqu‘à présent. Et cette pièce justement, c’est le moteur du tracteur D9T de Caterpillar, qui est utilisé en Cisjordanie et à Gaza. » affirme-t-il.
Pour sa part, la marocaine Sara Ouahaddou se penche sur les bijoux berbères qu’elle met en valeur avec l’appui d’un autre artiste, le photographe Ahmed Bouanani, mort en 2011. Il n’a rendu public que 10 % de son œuvre, une création encore secrète donc, qui est une source d’inspiration pour certains artistes. Sara Ouahaddou :
« A partir des dessins d’Ahmed Bouanani, des dessins de bijoux berbères, j’ai fait un travail de réécriture de ces bijoux. J’ai récupéré ses techniques, ses matériaux et on a réécrit. Et pour avoir du fond, du liant, un imaginaire, j’ai aussi travaillé à partir des comptes parce qu’il a également collecté des contes populaires, arabes et berbères. »
Une autre marocaine, Yto Barrada, s’inspire du passé pour exprimer son art. En effet, elle a fait appel aux œuvres multi-couleurs de trois artistes d’avant-garde des années 1960 et a cousu d’anciens tissus de sa famille marocaine. L’artiste exprime son choix en ces termes :
« Les jeunes aiment travailler les tissus traditionnels, les réutiliser, les remanier. J’apprends à coudre et à tisser depuis mon départ du Maroc. La place de l’artisanat dans l’histoire des mouvements civils, dans les mouvements féministes et pour les droits des homosexuels, a toujours été très importante. Vous savez, tous ces arts considérés comme inférieurs… »
La photographe franco-marocaine Leila Alaoui, qui fait partie des victimes de l’attaque terroriste de Ouagadougou en janvier dernier, est honorée à l’occasion de cette Biennale de Marrakech.
Pour les organisateurs de l‘événement, le royaume du Maroc est l’intersection entre le monde occidental, islamique et africain.
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