Afrique du Sud
Quelques jours avant la rencontre prévue entre le président sud-africain Cyril Ramaphosa et le président américain Donald Trump à la Maison Blanche, une décision de l’administration Trump fait polémique : l’octroi du statut de réfugié à plusieurs dizaines de fermiers blancs sud-africains, au motif qu’ils fuient des persécutions raciales et un supposé « génocide ».
En Afrique du Sud, cette affirmation est largement contestée, y compris au sein même de la communauté afrikaner. Lors de la foire agricole Nampo, l’une des plus importantes de l’hémisphère sud, des milliers de fermiers se sont réunis à Bothaville. Parmi eux, même les groupes blancs conservateurs ont rejeté les accusations de génocide ou d’expropriation massive, jugées infondées.
Sur place, l’ambiance était celle d’un événement familial et festif, avec de nombreux stands agricoles, des démonstrations de matériel, et des visiteurs déambulant devant un mur du souvenir dédié aux agriculteurs tués depuis 1961. La sécurité dans les zones rurales reste une préoccupation majeure pour tous, mais nombre d’agriculteurs interrogés rappellent que la criminalité touche indistinctement Noirs et Blancs.
Thobani Ntonga, un agriculteur noir de la province du Cap-Oriental, a confié avoir été victime d’une tentative d’enlèvement. Selon lui, « les agriculteurs, isolés des centres urbains, sont des cibles faciles, quelle que soit leur couleur de peau ».
Le ministre sud-africain de l’Agriculture, John Steenhuisen, qui accompagnera Ramaphosa à Washington, a déclaré espérer que cette visite permettra de « rétablir les faits » : il n’existe, selon lui, ni politique d’expropriation massive ni situation de génocide en Afrique du Sud.
Le traitement rapide des demandes d’asile des fermiers afrikaners contraste avec la lenteur du système pour d’autres groupes, ce qui suscite des critiques. Les détails de la procédure n’ont pas été rendus publics, mais les témoignages font état d’un processus de sélection rigoureux, comprenant plusieurs entretiens et l’examen de preuves de persécutions.
Sur le plan statistique, les données officielles montrent que 12 meurtres ont été recensés sur des fermes sud-africaines en 2024, dont un seul agriculteur. Les autres victimes étaient des ouvriers agricoles, des habitants ou des agents de sécurité. Ces chiffres ne précisent pas l’origine raciale des personnes concernées. En comparaison, le pays a enregistré près de 7 000 homicides au total sur la même période, la plupart concernant des populations noires et pauvres.
La question foncière reste sensible : selon un audit gouvernemental de 2017, les Sud-Africains blancs — qui représentent environ 7 % de la population — détiennent toujours près de 72 % des terres privées, une inégalité héritée de l’apartheid que les réformes peinent à corriger.
Le président Ramaphosa, lui-même éleveur, a profité de sa visite à la foire agricole pour encourager les agriculteurs à rester : « Il ne faut pas fuir nos problèmes. Fuir, c’est être lâche », a-t-il déclaré.
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