Cameroun
Avant son entame, des rumeurs avaient couru sur un nouveau report de la Coupe d'Afrique des nations (CAN). Elles ont été démenties, mais menace sécuritaire, pandémie de Covid-19 et surtout bousculade meurtrière lundi mettent sous tension la CAN qui se termine dans plus de dix jours.
Au moins huit morts et 38 blessés, c'est le dernier bilan de la tragique bousculade lundi soir devant le stade situé à Olembé dans les faubourgs de Yaoundé, avant le 8e remporté par le Cameroun contre les Comores (2-1).
Surnommée Paul Biya, en référence au président du pays, cette enceinte, la plus grande du pays avec 60 000 places avait été livrée avec trois années de retard, juste avant le début de la compétition, tandis que ses alentours n'étaient pas terminés.
"Sérieuses inquiétudes"
Fin novembre, le secrétaire général de la CAF, Véron Mosengo-Omba, avait écrit au ministre des Sports du Cameroun, Narcisse Mouelle Kombi, pour lui faire part de "sérieuses inquiétudes concernant l'organisation du tournoi".
Et ces inquiétudes concernaient notamment les abords du nouveau stade d'Olembé. Le quart de finale qui y était prévu dimanche sera finalement déplacé dans l'autre stade de Yaoundé.
La situation sanitaire
Le Cameroun, qui devait initialement organiser l'édition 2019 finalement délocalisée en Egypte, avait un adversaire de taille : la pandémie et le variant Omicron.
Si elle a jusqu'ici épargné l'hôte camerounais (ce qui a suscité les commentaires surpris et dubitatifs de certains adversaires), de nombreuses sélections ont été perturbées : le Sénégal, la Tunisie, le Burkina Faso, le Zimbabwe, le Cap-Vert, le Gabon (privé de sa star Pierre-Emerick Aubameyang)
Jusqu'à la situation paroxystique des Comores, qui ont dû jouer leur huitième de finale contre le Cameroun sans gardien de métier, avec dans les buts un arrière latéral...
Manque d'équité
Dans ce contexte, le sélectionneur de la Gambie, Tom Saintfiet a fustigé le manque d'équité dans le traitement des équipes.
"Six joueurs dorment dans la même chambre, avec le même sanitaire, la même douche", et "seuls deux, trois membres du staff ont une chambre, les autres dorment à deux dans le même lit, au temps du Covid-19", a décrit le Belge.
Quant au milieu des Comores, Youssouf M'Changama, il a dénoncé "le manque d'éthique" après l'élimination de son équipe au terme d'un match héroïque malgré les circonstances (2-1).
Menace sécuritaire
Les séparatistes anglophones à l'Ouest, les djihadistes de Boko Haram au Nord : c'est dans un contexte sécuritaire tendu que s'est ouverte la CAN organisée dans un pays en situation de guerre sur une partie de son territoire.
Avant l'ouverture de la compétition-reine du football africain, des rebelles indépendantistes avaient menacé de s'en prendre aux équipes qui jouent à Limbé et s'entraînent à Buea, dans l'Ouest.
Et le 12 janvier, à Buea, des tirs entre militaires et des hommes armés ont fait des blessés, les autorités locales évoquant des "incidents sporadiques" qui n'ont pas été revendiqués.
La pelouse de Douala
La bourde du gardien ivoirien Badra Ali Sangaré contre la Sierra Leone (2-2) a fait le bonheur des réseaux sociaux. Mais pour de nombreux observateurs, elle est notamment imputable à l'état de la pelouse du stade de Douala, si désastreux que des rumeurs, démenties, ont circulé sur une délocalisation des rencontres prévues dans ce stade, où l'Algérie, tenante du titre, a notamment disputé ses matches de poules.
Construit pour l'occasion, le stade de Japoma, l'un des deux plus grands de la compétition (50 000 places), souffre de la forte humidité de la région, de la chaleur et du manque de lumière.
Un arbitrage qui fait parler
La phrase "Un match dure 90 minutes" est un classique de la langue de bois des footballeurs. Un classique que l'arbitre de Tunisie-Mali (0-1) Janny Sikazwe, a fait mentir en sifflant prématurément la fin du match. Les images ont fait le tour du monde pendant que la presse tunisienne s'étranglait : "Honte", "farce", "mascarade".
Un épisode "plus que mauvais pour l'image du tournoi", selon Patrice Neveu, sélectionneur du Gabon. "L'image de la CAN ne dépend pas des Camerounais", "ils ne sont pas responsables de l'arbitre, il faut demander à Patrice Motsepe", le patron du football africain, a réagi la légende des gardiens de but camerounais, Joseph-Antoine Bell.
Dans des conditions très difficiles (35°C et 65% d'humidité), l'arbitre a en fait souffert d'une insolation.
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