Cameroun
Leader du Mali, Hamari Traoré a pris une nouvelle envergure à presque 30 ans pour guider ses "Aigles" vers les sommets, à commencer par le 8e de finale contre la Guinée Équatoriale à la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), mercredi à Limbé.
"Humainement et sportivement, je suis devenu quelqu'un d'autre, j'ai pris une autre dimension, aujourd'hui je suis capitaine de Rennes, capitaine du Mali, j'ai remporté des titres, j'ai joué la Ligue des champions", explique-t-il au moment de raconter ses souvenirs de jeunesse. Arrière droit technique et infatigable, Hamari Traoré a parcouru un long chemin depuis Niamakoro Cité Unicef, le quartier de son enfance à Bamako, le même que son coéquipier Moussa Djenepo.
"Je suis entré à l'Académie Jean-Marc Guillou à Bamako à 13 ans", rembobine le capitaine malien. Il a joué pour les fameux jaune et noir du Réal de Bamako, le club lié à l'académie JMG, mais aussi celui de la légende Salif Keita, puis "à 19 ans et demi j'ai rejoint le Paris FC".
"Partir loin de mes parents, de mes proches, me débrouiller tout seul, je n'avais joué que dans le championnat malien, le changement n'était pas facile", raconte-t-il. "En plus, moi qui ne me blessais jamais, là je suis touché à la cheville, aux ischios, aux adducteurs...", énumère Hamari Traoré.
Pierre Ferracci, le président du PFC, se souvient très bien. "On lançait un partenariat avec les Académies de Jean-Marc Guillou, on avait pris trois Algériens et trois Maliens, Hamari est le seul que nous avons gardé", explique-t-il à l'AFP.
"Il avait déjà beaucoup de talent, mais en plus on sentait qu'il voulait arriver, il montrait beaucoup d'envie. Il croquait dedans à pleines dents", poursuit le dirigeant. "Guillou avait aussi un partenariat avec Lierse, il l'a envoyé là-bas, j'aurais bien voulu le retenir", explique-t-il.
Pierre Ferracci se souvient d'un joueur "intenable dans son couloir droit, marqué par l'école Guillou, c'est un latéral très offensif". Le président parisien d'ajouter : "Il est très attaché à ses racines, c'est bien qu'il soit capitaine". Il n'en revient pas qu'il aille déjà sur ses 30 ans, le 27 janvier, au lendemain du 8e de finale.
Hamari Traoré file donc ensuite au Lierse SK, club belge également partenaire des Académies JMG. "J'ai grandi là-bas", assure le joueur. "Le Lierse m'a forgé, j'y suis devenu le joueur que je suis aujourd'hui". C'est en Belgique que le sélectionneur malien Alain Giresse (2015-2017) le repère, et le convoque une fois qu'il est arrivé à Reims, "une grande fierté" pour Traoré."Hamari s'est affirmé", assure "Gigi" , louant "son état d'esprit, sa détermination".
"C'est un très bon contre-attaquant, mais on peut jouer à quatre avec lui" et pas seulement dans une défense à trois avec un rôle de piston dans son couloir, détaille-t-il. C'est aussi un équipier modèle. "Je l'ai fait jouer à gauche à la CAN-2017, il m'a rendu service, il a accepté", souligne Giresse.
La CAN, justement, n'a jamais vraiment réussi à Traoré. "Celle de 2017 a été une déception (élimination au premier tour, NDLR)", admet-il. "La deuxième (2019), c'était la nouvelle génération, la plupart des joueurs découvraient le tournoi", arrêté en 8e de finale. "Mais depuis l'équipe a grandi".
Lui aussi a grandi. Arrivé à Reims en 2015, il crève l'écran lors d'une victoire contre l'Olympique de Marseille (1-0), juste après la fracassante démission de Marcelo Bielsa. Il marque un "super but, une demi-volée, pour ma première à Delaune, j'ai fait un bon match, et une très bonne saison".
Le président Jean-Pierre Caillot lui demande de rester encore une saison, même en L2, mais lui promet de lui "donner un bon de sortie. Il a été très honnête avec moi, il a tenu parole", reconnaît Traoré, qui file en Bretagne, où il est devenu un cadre.
"C'est ma cinquième année au Stade Rennais, c'est la première fois que je reste autant dans un club. J'ai encore un an de contrat, chaque joueur rêve de partir dans les grands championnats, mais on verra. Et puis il faut le mériter", pose-t-il. Et briller à la CAN.
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