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Guinée : la CEDEAO discute de la future transition après le coup d'Etat

Le chef des putschistes, le le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya   -  
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Sunday Alamba/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved

Guinée

Les dirigeants d'Afrique de l'Ouest discutaient jeudi de la future transition en Guinée après le putsch contre le président Alpha Condé et des mesures à prendre pour favoriser le rétablissement d'un pouvoir civil, sans écarter a priori d'éventuelles sanctions.

La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a déjà suspendu la semaine dernière la Guinée de ses instances et dépêché le 10 septembre à Conakry une mission qui a pu rencontrer le chef des putschistes, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, ainsi que Alpha Condé, 83 ans, renversé et arrêté cinq jours auparavant.

Au même moment se tenait à Conakry la troisième des quatre journées de concertation nationale convoquées au Palais du peuple, siège du Parlement dissous, par les putschistes, pour définir les "grandes lignes de la transition", qu'un futur "gouvernement d'union nationale" sera chargé de conduire.

Après les partis politiques, les chefs religieux, les représentants de la société civile et les diplomates étrangers, les militaires rencontraient notamment jeudi les patrons des compagnies minières, acteurs clé dans ce pays pauvre mais regorgeant de ressources naturelles.

"Nous sommes tenus de prendre des décisions éclairées", a déclaré le chef de l'Etat ghanéen Nana Akufo-Addo, président en exercice de la Cédéao, à l'ouverture du sommet à Accra, disant compter sur ses pairs pour "aider à proposer des solutions durables à la crise".

La ministre ghanéenne des Affaires étrangères Shirley Ayorkor Botchwey, qui a dirigé la mission à Conakry, a souligné mercredi que les putschistes n'étaient pas encore en mesure de fixer un calendrier pour la transition vers une restitution du pouvoir à des dirigeants civils élus.

"Il appartient maintenant aux chefs d'Etat de prendre des décisions sérieuses sur la Guinée, sur ce qu'ils veulent voir dans les prochains mois, que ce soit un mois, six mois ou douze mois, sur la manière dont ils veulent voir la transition et sur la durée de celle-ci", a-t-elle déclaré.

"Je ne dis pas que des sanctions seront imposées mais cela peut arriver", a-t-elle prévenu.

"Calendrier du peuple guinéen"

Le lieutenant-colonel Doumbouya n'a rien dit jusqu'ici sur le possible contenu de cette transition, sa durée, quel rôle les militaires y joueraient, ni comment seraient organisées des élections.

"Le seul calendrier qui vaille est celui du peuple guinéen qui a tant souffert", a-t-il déclaré mardi lors de la première journée de concertation. Il a exprimé sa volonté d'une démarche "inclusive" consistant à recueillir les propositions du plus grand nombre pour cette transition.

Le représentant de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Mahamat Saleh Annadif, a dit lundi à Conakry escompter une transition d'une "durée raisonnable", qu'il appartiendra aux Guinéens de déterminer.

La Cédéao se retrouve dans une situation comparable à celle qu'elle a connue au Mali voisin en août 2020. A la suite d'un putsch similaire, elle avait pris des sanctions essentiellement économiques et suspendu le pays de l'organisation.

Ces sanctions avaient été levées à la suite de l'engagement des militaires maliens sur la voie d'une transition de 18 mois maximum pour rendre le pouvoir à des dirigeants civils issus d'élections. Mais la communauté internationale exprime des inquiétudes croissantes sur le respect de ces échéances.

Comme au Mali, les militaires guinéens peuvent se prévaloir d'une certaine popularité, comme en attestent les manifestations de joie observées dans différents quartiers de Conakry, encore alimentée par la libération de dizaines de prisonniers d'opinion, la levée de barrages dressés dans les quartiers favorables à l'opposition, ou encore ses engagements à sanctionner sévèrement toute exaction des forces de sécurité.

Ils ont dissous le gouvernement et les institutions et aboli la Constitution qu'avait fait adopter M. Condé en 2020 et qui avait ensuite invoqué ce changement de loi fondamentale pour se représenter après deux mandats, malgré des mois de contestation réprimée dans le sang.

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