Maroc
Le procès de deux mineures, poursuivies par la justice marocaine pour homosexualité, a débuté vendredi à Marrakech, et se poursuivra le 9 décembre, a-t-on appris auprès de l’un de leur avocat.
Les deux jeunes filles, âgées de 16 et 17 ans, ont été présentées à un juge du tribunal de première instance dans la matinée, a indiqué à l’AFP l’un des trois avocats de la défense, Me Rachid Al Ghorfi.
“Elles ont nié ce qui figurait dans le procès-verbal, à savoir qu’elles entretiennent une relation homosexuelle, et ont déclaré que leur relation était amicale”, a expliqué Me Ghorfi.
Les deux adolescentes avaient été arrêtées le 28 octobre, sur dénonciation de l’une des deux familles, après avoir été surprises sur le toit d’une maison en train de s’embrasser et de s’enlacer. Détenues pendant une semaine, elles avaient été ensuite remises en liberté provisoire.
Les avocats de la défense ont débattu de “la philosophie de l’article 489 du code pénal” marocain, qui criminalise “les actes licencieux ou contre-nature avec un individu du même sexe”, et ont pointé du doigt ses “contradictions avec les protocoles internationaux signés par le Maroc et la Constitution marocaine”, selon Me Ghorfi.
Au #Maroc, deux adolescentes devant la justice pour homosexualité https://t.co/QQvKKvSZTb par
— Le Monde (lemondefr) 25 novembre 2016ChBozonnet
“Le juge a fixé la date de la plaidoirie au 9 décembre, date à laquelle sera prononcé le jugement”, a-t-il précisé.
Les deux jeunes filles encourent une peine de six mois à trois ans de prison.
Une vingtaine d’associations et de collectifs, dont l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), avaient condamné leur arrestation, ainsi que “les mauvaises conditions (de détention) et les mauvais traitements durant toutes les étapes de l’affaire”.
“Ces deux filles pourraient faire de la prison simplement pour avoir fait preuve d’affection l’une envers l’autre” a déclaré pour sa part Sarah Leah Whitson, directrice exécutive de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.
“Les autorités marocaines devraient lever les accusations contre elles et cesser de poursuivre en justice des individus pour des actes privés n’engageant que leur consentement mutuel”, a-t-elle ajouté dans un communiqué publié vendredi par l’organisation.
Le Maroc, un pays de 35 millions d’habitants tiraillé entre conservatisme religieux et ouverture sur l’Occident, a connu plusieurs controverses liées aux mœurs ces dernières années. Les arrestations pour homosexualité y sont monnaie courante, au grand dam des associations des droits humains qui appellent à abroger l’article 489.
Mais c’est la première fois qu’un cas impliquant des femmes homosexuelles (et non des hommes), qui plus est mineures, défraie ainsi la chronique.
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