Agriculture
Inciter les femmes de chasseurs à planter du cacao pour persuader leur mari d’arrêter la chasse, tel est le défi de l’Association des Femmes Waorani de l’Amazonie équatorienne.
Les Waorani, une communauté indienne de Gareno, un hameau de huttes de bois au milieu de la jungle, à 175 km de Quito. Loin du tumulte de la capitale, les Waorani vivent paisiblement de culture, et de chasse au milieu de la jungle chaude et humide.
La chasse étant la seule activité lucrative des hommes, il leur fallait abattre du gibier pour subvenir aux besoins de leurs familles. Abattage après abattage, les animaux commençaient à se faire rare. Les hommes parcouraient désormais de longues distances pour en trouver.
Le déclic
Face à cette menace d’extinction des espèces fauniques, les femmes ont pris l’initiative de créer l’Association des Femmes Waorani de l’Amazonie Equatorienne(Amwea). But de l’association, stopper l’abattage des animaux sauvages et miser sur le cacao pour créer une nouvelle source de revenus.
C’est en 2010 que le projet voit le jour. La stratégie est simple : l’association fournit des plants de cacao aux femmes de chasseurs. Elle leur donne aussi un terrain pour les planter. Quand la plantation commence à produire, l’association achète le cacao à 1,25 dollar, la livre soit à 0,45 cents au dessus du cours habituel. L’activité étant plus rentable que la chasse, les maris n’avaient donc plus besoin de tuer le gibier pour gagner de l’argent. Donc, finie la chasse.
Ligia Enomenga, une veuve de 26 ans qui élève ses six enfants grâce aux revenus du cacao, se félicite que les Waorani aient “ouvert les yeux”. “Avant, ils chassaient beaucoup. Mais maintenant qu’ils sont impliqués dans le programme du cacao, ils ont arrêté de tuer les animaux”, explique-t-elle.
Son frère Moisés Enomenga, dont l‘épouse cultive désormais du cacao raconte: “Nous chassions énormément (…) singes, toucans, cerfs. Parfois nous en tirions jusqu‘à 46 kg de viande pour vendre sur les marchés”.
Succès inattendu
Peu enthousiastes au début du projet, aujourd’hui les hommes waorani sont de plus en plus impliqués dans la culture du cacao. “Ainsi, ils ont arrêté de chasser des animaux sauvages pour cultiver”, a déclaré à l’AFP Patricia Nenquihui, présidente d’Amwae, basée à Puyo (est).
En tout, dix communautés participent à ce projet, dont 70 familles qui cultivent 25 hectares de cacao dans les provinces de Pastaza et Napo. Le plantage se fait sans déboisement, précise Mme Nenquihui.
Le cacao acheté par l’association est envoyé à Quito où il est tranformé en chocolat.
Les initiatives des indiens de l’Amazonie pour défendre la biodiversité ne se limitent pas seulement à l’Equateur.
En Colombie, les Ingas du département du Nariño (sud-ouest) ont eux aussi lutté pour préserver la biodiversité menacée cette fois par la guerre qui dévaste ce pays depuis les années 60.
Ils ont obtenu du gouvernement un fonds commun destiné à libérer 22.283 hectares de la culture du pavot (base de l’héroïne) qui abîmait l‘éco-système et était cause d’affrontements entre groupes armés.
“La terre pleurait (…) et exigeait que nous prenions soin d’elle”, affirme Hernando Chindoy, Gouverneur de la réserve indigène d’Inga de Aponte. Au brésil, dans l’Etat d’Amazonas, c’est le piraruca,un énorme poisson de rivière qui peut atteindre les 200 kg qui est au centre des attentions.
Très prisé pour sa chair savoureuse, l’espèce était en voie de disparition, jusqu‘à ce que l’ONG Opération Amazonie Native obtienne l’interdiction totale de sa pêche.
Au bout de sept ans de travail, sa population augmenta sensiblement et les Paumari obtinrent que la pêche redevienne légale et durable.Ainsi, les prises de moins d’un mètre et demi sont relâchées.
Les initiatives pour la protection de la biodiversité se multiplient dans cette région d’Amérique du Sud. Et récemment en France, la COP21, a également jeté les bases d’une nouvelle ère dans la lutte contre le réchaufement climatique.
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