Ouganda
La lutte contre le VIH en Ouganda semble aller dans la bonne direction.
Au niveau national, le taux d'infection est passé de 30 % il y a trente ans à 5 %, principalement grâce à une meilleure éducation et à des méthodes de prévention telles que l'augmentation des tests de dépistage et des traitements.
Mais chez les prostituées, le taux reste inquiétant : un peu plus d'une femme sur trois exerçant cette profession serait séropositive.
Dans les bidonvilles de Kampala, où beaucoup d'entre elles vivent et travaillent, une femme fait tout ce qu'elle peut pour améliorer la situation.
Deborah Nakatudde est une ancienne travailleuse du sexe qui connaît bien le métier, puisqu'elle s'y est engagée à l'âge de 15 ans.
Les parents de Deborah Nakatudde sont décédés lorsqu'elle était jeune, la laissant à la charge d'une belle-mère qui la maltraitait. Elle raconte qu'elle a été forcée d'abandonner l'école, ce qui l'a obligée à trouver un moyen de subsistance dans le commerce du sexe.
Nakatudde vivait dans le bidonville de Bwaise, l'un des plus grands bidonvilles de Kampala, où le commerce du sexe est courant.
En 2008, A Sexual and Reproductive Organization l'a choisie comme éducatrice pour ses pairs dans le bidonville. Mais après la fermeture du projet, Nakatudde a réalisé qu'il était urgent de poursuivre le travail.
Elle a créé sa propre organisation, Saving Lives Under Marginalization, qui mène des campagnes contre les maladies sexuellement transmissibles parmi les travailleurs du sexe des bidonvilles de Kampala.
Elle nous a confié : "J'ai senti qu'en tant que communauté de travailleurs du sexe, nous avions besoin d'un endroit qui nous appartienne et où nous puissions nous exprimer sans que personne ne nous juge, sans que personne ne nous demande pourquoi nous avons eu des rapports sexuels non protégés ; je voulais donc créer un endroit sûr pour les travailleurs du sexe".
Deborah collabore avec les établissements de santé publique de Kampala pour proposer des tests de dépistage du VIH et des traitements aux travailleurs du sexe. Sa fondation organise également des actions de sensibilisation dans les bidonvilles afin d'éduquer les travailleurs du sexe aux méthodes de prévention, telles que l'utilisation de préservatifs et de médicaments pré-exposition (PREP), que l'on prend après un rapport sexuel non protégé.
Elle affirme que ses messages de prévention touchent plus de 350 travailleurs du sexe chaque année.
Certaines travailleuses du sexe, comme Amina (nom fictif), disent avoir été choquées d'apprendre qu'elles étaient séropositives et enceintes. Grâce au projet SLUM, Amina a été testée et a commencé à suivre un traitement contre le VIH. Elle reçoit également des soins prénatals pour s'assurer qu'elle accouchera d'un bébé en bonne santé.
"J'ai décidé de devenir travailleuse du sexe après que mon mari a commencé à me maltraiter, parfois il m'enfermait hors de la maison la nuit, je n'avais pas de nourriture... alors j'ai dû survivre..."
La transmission du VIH de la mère à l'enfant peut être évitée dès lors qu'un traitement antirétroviral est administré pendant la grossesse.
L'Ouganda a enregistré une baisse de 77 % de cette transmission entre 2010 et 2020. Le pays s'est fixé l'objectif ambitieux de réduire à zéro la transmission du VIH de la mère à l'enfant d'ici à 2030.
Innocent Kaitta, un prestataire de santé travaillant dans le cadre du projet SLUM de Deborah, explique que les risques de contracter des maladies sexuellement transmissibles sont élevés chez les travailleurs du sexe, car ils n'ont aucun moyen de se protéger.
Le gouvernement souhaite fournir un traitement contre le VIH à au moins 95 % de toutes les personnes atteintes de la maladie. Deborah Nakatudde affirme que ce sera sa principale préoccupation à l'avenir, afin que les taux d'infection parmi les travailleurs du sexe commencent à baisser comme ils l'ont fait dans la population en général.
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