Sierra Leone
La capitale Sierra-léonaise, Freetown, peine à loger sa population croissante, désormais estimée à 1,5 million d'habitants.
Face au manque d’infrastructures adéquates, les personnes démunis ont trouvé une solution : construire sur la mer, un mode de vie illégal et non règlementé.
"C'est ici que j'ai eu l'opportunité de construire ma cabane car je suis dans l’incapacité d'acheter et de construire une maison ailleurs. C'est ici que je fais ma vie, sans problème," explique Lamrana Bah.
Comme cette Sierra-Léonaise veuve et mère de six enfants, la plupart des habitants de ce bidonville de Freetown ont dressé leur bicoque sur une parcelle gagnée sur l'Atlantique. Ils ont empilé des pneus, des détritus et des sacs de terre au fond de la baie sur l'océan, et compacté cet amalgame avec de la boue. Puis ils ont construit dessus.
Ce remblayage, appelé ici "banking", littéralement la création de berges, est la seule solution que des résidents démunis ont trouvé à la surpopulation de la capitale, causée par les contraintes géographiques et exacerbée par des années de guerre civile. C'est une conquête ingénieuse mais fragile. Il n'y a ni route ni service.
Entre pénuries d’eau, coupure d’électricité et non traitement des déchets, les habitants de ces bidonvilles sont également confrontés à des incendies et des inondations.
"Nous avons été témoins de plus de 15 incendies ayant fait de nombreux morts, en plus des inondations qui se produisent pendant les pluies. Pendant la saison sèche, la plupart des canaux de drainage sont bloqués par les ordures," témoigne Nancy Sesay, habitante du quartier de Susan’s Bay.
La population de Freetown a explosé avec la guerre civile de 1991 à 2002, qui a poussé vers la capitale des centaines de milliers de déplacés.
La Federation of Urban and Rural Poor (Fédération des pauvres de la ville et de la campagne, FEDURP), une organisation locale, chiffre à 198.000 le nombre de personnes qui vivent dans les agglutinations déshéritées du bord de mer, la plupart posées sur du remblai.
Les aléas climatiques et le manque d’opportunité dans les campagnes sont également à l’origine de l’exode rural massif que traverse le pays.
"Beaucoup de personnes ont migré des zones rurales vers la capitale et au fil du temps, la population de Freetown a augmenté. Cela a pour conséquence l’augmentation de la demande de logements, ce qui a conduit les gens à s’installer dans certaines de ces colonies côtières," rapporte Braima Koroma, directeur de recherche du Sierra Leone Urban Research Center (SLURC).
Selon les experts, d’ici 2030, la moitié des Africains vivront dans les villes avec une urbanisation qui devrait atteindre les 60% d’ici 2050.
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