Soudan
La police soudanaise a tiré lundi des grenades lacrymogènes sur des milliers de manifestants de nouveau mobilisés contre le pouvoir dominé par les militaires, qui peine encore à former un gouvernement de civils.
Des cortèges sont partis de différents quartiers de la capitale Khartoum et dans plusieurs villes du Soudan aux cris de "Non au pouvoir militaire", "Le peuple a choisi les civils", "L'armée peut te trahir, mais la rue ne te trahira jamais".
A coups de grenades lacrymogènes, la police a tenté de disperser la foule au moment où elle arrivait aux abords du palais présidentiel, ancien QG du dictateur renversé en 2019 Omar el-Béchir et devenu ensuite le siège des autorités de transition chapeautées par le général Abdel Fattah al-Burhane, auteur du coup d'État du 25 octobre.
Ce jour-là, le général Burhane, chef de l'armée, avait fait arrêter la plupart des civils qui dirigeaient le pays avec lui. Le 21 novembre, il a signé un accord avec le Premier ministre civil Abdallah Hamdok, qui a alors pu sortir de résidence surveillée et retrouver son poste.
Nouvelle entente
Les autorités ont promis un gouvernement formé de civils mais il n'a pas encore été annoncé. Pour les manifestants, la nouvelle entente entre le général Fattah al-Burhane et Abdallah Hamdok est une "trahison" et même un "retour à l'ancien régime" militaro-islamiste d'Omar el-Béchir.
"Abdallah Hamdok a trahi la feuille de route" de la transition en signant son accord avec le chef de l'armée, estime le manifestant Mahmoud Abidine. "Ce qui s'est passé est l'exemple type d'un coup d'État militaire car il a été suivi par des arrestations, des tueries dans la rue et en face, il n'y a que des jeunes qui demandent la liberté, la démocratie et un État civil", répète-t-il.
Raouiya Hamed explique être descendue dans la rue pour "redire que nous refusons l'accord" entre les militaires et Abdallah Hamdok. "Je le rejette parce que les dirigeants militaires et paramilitaires n'ont que faire du pays". Entre le 25 octobre et le 22 novembre, 44 manifestants ont été tués et des centaines blessés, notamment par balles, selon un syndicat de médecins prodémocratie.
Libération d'opposants
Après le 22 novembre, les manifestations se sont poursuivies, avec des blessés recensés mais aucun mort. La communauté internationale fait du respect du droit de manifester une condition sine qua non à la reprise de son aide au Soudan, interrompue depuis le 25 octobre, de même que la nomination d'un gouvernement civil et la libération des dizaines de Soudanais arrêtés après le putsch.
Le général Burhane et le Premier ministre Abdallah Hamdok, eux, tentent de donner des gages pour retrouver l'aide des bailleurs internationaux dans un des pays les plus pauvres au monde où, selon l'ONU, 30% de la population aura besoin d'aide humanitaire en 2022, un record depuis 10 ans.
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