Bénin
L'avocat de l'opposant béninois Joël Aïvo, arrêté au lendemain de l'élection présidentielle d'avril, a dénoncé jeudi à l'ouverture du procès de son client un "dossier vide", auprès de l'AFP.
M. Aïvo, un professeur agrégé de droit âgé de 47 ans, est jugé par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" et "blanchiment de capitaux".
"Il n’y a rien dans le dossier, c’est un dossier vide", a déclaré à l'AFP l'un des avocats de M. Aïvo, Barnabé Baglo, qui a dénoncé une détention arbitraire de son client depuis trois mois.
M. Aïvo avait été arrêté le 15 avril à Porto-Novo, au lendemain de l'annonce de la réélection du président Patrice Talon avec plus de 86% des voix, puis avait été mis en examen et incarcéré.
Jeudi matin, l'universitaire, habillé d'un costume noir et d'une chemise blanche et escorté par deux policiers, s'était présenté devant la Criet, et l'audience s'était ouverte.
Le procès sur le fond n'a pas démarré, et le ministère public a demandé à ce que la Criet se déclare incompétente et se désaisisse du dossier au profit d'un juge d'instruction.
La décision a été mise en délibéré au 5 août.
"Le procureur a soulevé l’incompétence de la Cour qu’il a lui-même sollicité et on se pose la question de savoir si c’est du droit qu’on fait ou si c’est de la méchanceté gratuite", a ajouté Me Baglo. "C’est sûr que le 5 (août), il ne mettra pas Aivo en liberté et c’est cette ruse là qu’il faut dénoncer".
Quelques jours avant son procès, un autre de ses avocats, Ludovic Hennebel, avait affirmé à l'AFP que M. Aïvo était "détenu arbitrairement dans des conditions inhumaines, cruelles et dégradantes, (...) pour le punir d'avoir exprimé une dissidence politique, notamment avoir osé parler avec des journalistes français".
Selon ses avocats, "toutes les garanties d'un procès équitable et les droits de la défense sont systématiquement bafoués" depuis le début de la procédure.
la Criet, mise en place en 2016 par le pouvoir, est accusée par ses détracteurs de servir d'instrument judiciaire pour museler l'opposition.
C'est cette même cour qui est en charge de juger Reckya Madougou, une autre opposante importante arrêtée quelques semaines avant le scrutin.
Il est reproché à cette ancienne garde des sceaux d'avoir voulu faire assassiner une personnalité politique pour empêcher la tenue du scrutin et déstabiliser le pays.
Des violences avaient éclaté la semaine avant le scrutin dans plusieurs communes du centre du pays et des manifestants avaient dressé des barrages sur les routes principales, coupant la circulation du Sud vers le Nord.
Les manifestants, qui dénonçaient l'absence d'une opposition crédible au scrutin, avaient été délogés par des gaz lacrymogènes puis des tirs à balles réelles des forces de l'ordre.
Patrice Talon, richissime homme d'affaires ayant fait fortune dans le coton, élu une première fois en 2016, est accusé par ses détracteurs d'avoir engagé le Bénin dans un tournant autoritaire.
Les principales figures de l'opposition au Bénin sont pour la plupart en exil.
00:50
Élections au Botswana : l’opposition se méfie des institutions électorales
Aller à la video
Présidentielle au Ghana : décès de la candidate Akua Donkor, du GFP
00:59
Élections au Botswana : forte affluence dans les bureaux de vote
00:42
Élections au Botswana : ouverture des bureaux de vote
01:48
Elections au Botswana : derniers meetings avant le scrutin
01:33
Elections au Botswana : le chômage comme principale préoccupation