Royaume-Uni
Le Royaume-Uni a présenté jeudi ses excuses après la publication d'un rapport accablant concluant que la mort de plus de 150.000 soldats de colonies britanniques ayant combattu durant la Première Guerre mondiale n'avait pas été commémorée en raison d'un racisme généralisé.
"Profondément troublé" par les conclusions du rapport, le Premier ministre britannique Boris Johnson a présenté "au nom du gouvernement" des "excuses" sans aucune réserve. "Notre devoir partagé est d'honorer et de se souvenir de tous ceux qui, où qu'ils habitent et quelle que soit leur origine, ont donné leur vie pour nos libertés au moment le plus périlleux", a-t-il ajouté dans un communiqué, peu après les excuses présentées par son ministre de la Défense, Ben Wallace, au Parlement. "Nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons nous racheter et agir", avait déclaré le ministre devant les députés.
Ce rapport a été commandé par la Commonwealth War Graves Commission (CWGC), organisme chargé d'honorer la mémoire des 1,7 million de soldats du Commonwealth morts durant les deux guerres mondiales, qui a également présenté ses excuses.
Il souligne que la mort de 45 000 à 54 000 soldats, principalement africains et indiens, pendant la Première guerre mondiale n'a pas été commémorée comme celle de leur camarades blancs en Europe, notamment via des monuments collectifs plutôt que des sépultures nominatives. Au moins 116 000 autres, et potentiellement jusqu'à 350 000, originaires surtout d'Afrique de l'Est et d'Égypte, "n'ont pas été commémorés par leurs noms ou peut-être pas du tout", selon le document.
Black Lives Matter
A la base de ces décisions se trouvent "les préjugés tenaces, les idées préconçues et le racisme généralisé des attitudes impériales contemporaines", souligne-t-il. Il cite notamment le gouverneur de la colonie devenue le Ghana, qui avait affirmé en 1923 que "l'indigène moyen (...) ne comprendrait ou n'apprécierait pas une stèle", plaidant à la place pour un monument commémoratif anonyme.
Cette publication intervient alors que le mouvement Black Lives Matter a provoqué un examen de conscience au Royaume-Uni sur le rapport du pays à son passé colonial. Fin mars, le gouvernement avait toutefois provoqué un tollé en publiant un rapport semblant minimiser l'ampleur du racisme dans la société britannique, en concluant que le Royaume-Uni n'était pas "institutionnellement raciste."
Pour le ministre Ben Wallace, il ne fait "aucun doute que les préjugés" ont joué un rôle envers les combattants décédés des anciennes colonies. Il a assuré que la CWGC œuvrerait à corriger le tir. Disant accepter "les conclusions et les manquements identifiés" dans le rapport, la commission a présenté des "excuses sans réserve", ayant manqué à son principe d'offrir un "traitement égal dans la mort", indifféremment de l'origine, de la religion ou du rang."Nous reconnaissons les erreurs du passé et sommes profondément désolés, et nous agirons immédiatement pour les corriger", a ajouté sa directrice générale, Claire Horton.
Ce rapport a été rédigé par un comité spécial mis en place par la CWGC à la suite d'un documentaire critique sur cette question, "The Unremembered", présenté par le député travailliste David Lammy. Pour ce dernier,"aucune excuse ne permettra de réparer l'indignité subie par ceux qui ont été oubliés". Toutefois,"ces excuses nous offrent l'occasion, en tant que nation, d'examiner ce chapitre affreux de notre histoire et de rendre hommage comme il se doit à chacun des soldats qui ont sacrifié leur vie pour nous", a-t-il ajouté sur Twitter.
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