Espagne
Samuel Eto’o hors jeu ? L’idole camerounaise a rejoint la liste des joueurs passés par le Barça à connaître des ennuis fiscaux, et le buteur risque des peines de prison qui, cumulées, représentent dix ans, ainsi qu’une amende de 14,3 millions d’euros.
La justice espagnole va décidément droit au but : après Neymar mercredi – contre qui deux ans de prison et dix millions d’euros d’amende ont été requis dans le cadre de son transfert controversé vers Barcelone – c’est au tour du quadruple joueur africain de l’année (2003, 2004, 2005 et 2010) d‘être dans le collimateur.
Les soucis judiciaires de l’ancien attaquant des Blaugranas remontent justement à sa période barcelonaise (2004-2009), selon les réquisitions datées du 10 novembre mais révélées jeudi.
Le parquet assure que le joueur a mis en place un montage de sociétés pour éviter de déclarer une partie de ses revenus.
Comme Lionel Messi, avec lequel il a évolué de concert pendant plus de quatre saisons au Barça, Eto’o est soupçonné d’avoir manoeuvré pour payer moins d’impôts sur les revenus tirés de l’utilisation de son image, notamment par Puma, et versés à partir de 2006, selon ce texte consulté par l’AFP.
A Barcelone, où il a gagné trois Championnats d’Espagne, une Coupe du Roi, deux Supercoupes d’Espagne et deux Ligues des champions, Eto’o, désormais 35 ans, aurait ainsi évité de payer 3,9 millions d’euros d’impôts.
3,9 M EUR de fraude présumée
“Le footballeur a simulé que ces droits avaient été cédés à deux sociétés domiciliées respectivement en Hongrie et en Espagne, dans le but de réduire son impôt de manière frauduleuse”, affirme le parquet dans ces réquisitions transmises au juge en charge de l’enquête à Barcelone.
Le ministère public estime de ce fait que l’attaquant doit être condamné à rembourser au fisc le montant de la fraude présumée (3,9 M EUR) majoré des intérêts, et à des amendes représentant 14,3 millions d’euros au total.
Eto’o, portant désormais le maillot du club turc d’Antalyaspor, risque plus de dix ans de peines de prison cumulées : le parquet requiert une peine d’un an et demi pour la fraude présumée de l’année 2006, et une de trois ans pour chacune des trois années suivantes, jusqu’en 2009.
Dans les faits, même si le tribunal suivait au pied de la lettre ces réquisitions, Eto’o ne passerait jamais autant de temps derrière les barreaux, grâce aux traditionnelles réductions de peine pour bon comportement en prison et à la libération conditionnelle, classique en Espagne après exécution des deux tiers de la peine.
Sociétés-écrans
Pour réduire ses impôts, il avait cédé ses droits à une société basée en Hongrie qui déclarait ses gains dans ce pays, où le taux d’imposition est un des “plus bas d’Europe”, selon le parquet.
Une deuxième société, espagnole, les déclarait en Espagne, mais ces gains étaient imposés au titre de l’impôt sur les sociétés, inférieur à l’impôt sur le revenu qui aurait dû être payé, selon le fisc.
Le Camerounais, joueur du Barça jusqu’en 2009 et transféré cet été-là à l’Inter Milan, “était le vrai titulaire des droits à l’image”, affirme le parquet qui estime que l’attaquant a cédé ses droits de manière frauduleuse à ces sociétés.
Eto’o a donc rejoint la liste des joueurs passés par le Barça ayant des démêlés fiscaux.
Les Argentins Lionel Messi et Javier Mascherano, ainsi que le Brésilien Adriano et le Chilien Alexis Sanchez, y figurent.
“Mais quel est donc le problème du Barça avec le fisc ?”, s’interrogeait le quotidien sportif Marca au début du mois de novembre.
Messi et son père ont d’ailleurs été condamnés début juillet 2016 à 21 mois d’emprisonnement et à des amendes de 3,7 millions d’euros au total pour fraude fiscale entre 2007 et 2009.
En Espagne, les peines de moins de deux ans ne sont pas exécutées. Et les réquisitions du parquet sont rendues avant le renvoi devant un tribunal, qui n’a pas encore été prononcé dans le cas de Samuel Eto’o.
AFP
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