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La voix des poètes somaliens s’élève pour préserver la culture nationale

Des poètes somaliens se produisent lors d'un événement culturel à Mogadiscio, en Somalie, le mardi 11 novembre 2025.   -  
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Somalie

Longtemps considérée comme une nation de poètes, la Somalie a vu son riche patrimoine culturel mis à mal par des décennies de conflits.

Malgré cela, certains poètes continuent d’élever la voix, perpétuant un art ancestral qui transcende la simple beauté des mots. Pour eux, la poésie n’est pas seulement un moyen d’expression : elle est un instrument de paix et de cohésion sociale.

« Un point commun à tous les poètes somaliens, qu'ils soient à Jigjiga en Éthiopie ou en Somalie, est leur engagement en faveur de la paix. Ces poètes se consacrent exclusivement à la promotion de la paix et ne s’impliquent pas directement en politique. Leur œuvre met l’accent sur la sécurité, la bonne gouvernance et l’intégration communautaire », explique Hirsi Dhuuh Mohamed, poète somalien, à l’Associated Press.

En 2003, sept poètes avaient sillonné la Somalie pour promouvoir la réconciliation. Aujourd’hui, de tels déplacements seraient presque impossibles : le gouvernement fédéral exerce peu d’emprise sur les territoires situés en dehors de Mogadiscio, et au moins deux régions semi-autonomes envisagent la sécession.

« En tant que poètes et chanteurs, nous avons lancé un programme intitulé 'Messagers des arts'. Dans ce cadre, nous nous sommes rendus dans différents districts afin de diffuser des messages de paix. Nous avons ensuite organisé des expositions de théâtre et de poésie à Mogadiscio Greenlight, un lieu qui, autrefois, divisait la ville et constituait une zone interdite. Lorsque nous y avons installé notre groupe de musique pour promouvoir notre message de paix, nous avons observé un changement remarquable : des personnes, autrefois isolées, ont recommencé à circuler librement », raconte Hirsi Dhuuh Mohamed.

Sous le régime autoritaire de Siad Barre, les poètes jouissaient d’un statut élevé et bénéficiaient du soutien de l’État. Depuis sa chute en 1991, la guerre civile et la montée d’al-Shabab ont relégué la poésie au second plan, tandis que les institutions culturelles, comme le Théâtre et les Musée nationaux, peinent à fonctionner dans un climat sécuritaire strict.

« L’administration actuelle ne traite pas les poètes et les chanteurs avec respect. En revanche, sous le règne de Siad Barre, ancien président de la Somalie, nous étions traités comme des dignitaires et recevions de l’État tout ce que nous désirions », témoigne Hassan Barre, poète.

Aujourd’hui, sur les traces de Hadraawi, le « Shakespeare somalien » disparu il y a trois ans, ces poètes poursuivent son œuvre. Ils rappellent que, même au cœur des conflits, la poésie demeure un vecteur de mémoire, de culture et surtout de paix. Dans un pays déchiré par la violence, chaque vers récité est un acte de résistance et un appel à l’unité.

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