Maroc
Rachida Abdous ne sait toujours pas ce qui a tué son mari. Trois jours après son admission dans une clinique privée, il est mort sans explication claire, sans que la famille ait été consultée ou même informée d’une opération.
Depuis, Rachida cherche la vérité, seule face à un système opaque. Et elle n’est pas la seule à dénoncer un secteur de la santé en crise.
« Mon mari est soudainement tombé malade. Nous sommes allés dans une clinique privée. Après trois jours, ils ont décidé de l’opérer sans en parler avec nous. J’étais là jusqu’à 23 heures, quand le gardien est venu me dire qu’il était mort. Les médecins, eux, étaient déjà rentrés chez eux. J’étais en état de choc », témoigne-t-elle.
Malgré ses ressources financières, Rachida avait choisi un établissement privé agréé, pensant offrir les meilleurs soins à son mari. Mais l’expérience a viré au cauchemar. Désormais, elle espère obtenir des réponses et des comptes par la voie judiciaire.
Un système de santé à bout de souffle
Le cas de Rachida n’est pas isolé. Il incarne un malaise bien plus large. Depuis plusieurs jours, la jeunesse marocaine, notamment le collectif GenZ 212, manifeste massivement à travers le pays. Leur colère vise un système de santé défaillant, gangrené par le manque d’équipements, l’incompétence, et la corruption que ce soit dans les cliniques privées ou les hôpitaux publics.
« C’est surpeuplé. Les gens dorment devant les portes, ils attendent des heures. On entre pour se faire soigner, on sort avec une autre maladie. Même les hôpitaux qui paraissent modernes sont un enfer à l’intérieur. Il n’y a ni organisation ni respect des patients », dénonce encore Rachida.
Pour beaucoup, la situation est insoutenable. Un manifestant s’indigne :
« Ce sont des hôpitaux de la mort. Rien ne fonctionne. Pas d’équipements de base. Pas de soins dignes de ce nom. Nous demandons la démission du ministre de la Santé, et même du gouvernement. Ils sont responsables de cette crise. »
Les revendications dépassent désormais le seul secteur de la santé. Éducation, emploi, justice sociale : la jeunesse marocaine exprime un ras-le-bol généralisé, alimenté par des années de promesses non tenues.
Ce jeudi 9 octobre, à la veille de l’ouverture de la session parlementaire marquée par un discours du Roi Mohammed VI devant les deux Chambres des rassemblements d’ampleur sont prévus à l’appel de GenZ 212. Le Syndicat national de l’enseignement supérieur a d’ailleurs rejoint le mouvement en lançant une grève de 48 heures.
Face à cette mobilisation inédite, l’exécutif reste silencieux. Mais dans les rues, une exigence devient de plus en plus forte : la démission du chef du gouvernement.
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