Malawi
Peter Mutharika effectue un retour politique spectaculaire. Âgé de 85 ans, ancien professeur de droit formé à Yale et président du Malawi de 2014 à 2020, il retrouve la magistrature suprême après avoir remporté largement l’élection présidentielle du 16 septembre.
Son rival, Lazarus Chakwera, 70 ans, président sortant et ancien pasteur évangélique, a reconnu le 24 septembre sa défaite, évoquant une « avance insurmontable » de son adversaire.
Dix-sept candidats étaient en lice, mais la bataille s’est concentrée entre ces deux figures majeures de la scène politique. Selon les résultats provisoires, Mutharika a recueilli plus de 2,14 millions de voix, soit près de 67 % des suffrages exprimés. En comparaison, Lazarus Chakwera n’aurait pu espérer inverser la tendance qu’en remportant l’intégralité des circonscriptions restantes, un scénario jugé irréaliste.
Le Malawi Congress Party (MCP), parti présidentiel, avait d’abord dénoncé des irrégularités dans près de la moitié des districts, rappelant par contraste le précédent de 2019. Cette année-là, le scrutin avait été annulé par la justice en raison de falsifications massives, dans ce que l’on avait surnommé l’« élection Tippex ». Mais en 2024, les observateurs soulignent que les résultats provisoires reflètent les enquêtes d’opinion et qu’aucune manipulation comparable n’a été constatée.
Dans son allocution, Lazarus Chakwera a reconnu le rapport de forces et félicité son successeur. Cette reconnaissance officielle devrait apaiser une atmosphère électorale tendue, marquée par la méfiance envers la Commission électorale et par le spectre de nouvelles contestations.
Ce retour au pouvoir intervient dans un contexte de crise économique aiguë. L’inflation a atteint 33 %, les pénuries de carburant et de devises paralysent une partie de l’économie, et 70 % des 21 millions de Malawites vivent sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. Le Parti démocrate progressiste (DPP) de Mutharika accuse Chakwera d’avoir aggravé la situation, tandis que ses adversaires rappellent les scandales de corruption ayant entaché le précédent mandat du nouveau président.
Malgré ce lourd passif, Peter Mutharika bénéficie encore du soutien d’une partie importante de la population, notamment dans les zones rurales, où son premier passage au pouvoir avait été associé à une politique agricole favorable. C’est donc porté par ce souvenir et par le rejet de la gouvernance de Lazarus Chakwera que l’octogénaire signe son retour au sommet de l’État, cinq ans après sa défaite historique lors du scrutin de 2020.
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