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Éthiopie : l'héritage d'Haïlé Sélassié suscite la controverse 50 ans après sa mort

Éthiopie : l'héritage d'Haïlé Sélassié suscite la controverse 50 ans après sa mort
14 oct. 1954 : la reine Elizabeth II et l'empereur Haile Selassié en procession à Buckingham Palace, Londres.   -  
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AP Photo

Ethiopie

Cinquante ans après le décès d’Haïlé Sélassié, dernier empereur d’Éthiopie, son héritage continue de diviser le pays. Certains le voient comme un « modernisateur » ayant modernisé le pays et promu l’éducation, tandis que d’autres le considèrent comme un « tyran » responsable de favoritismes ethniques et de la famine dévastatrice qui a frappé la région.

La dernière photo connue de l’empereur date du 12 septembre 1974, jour de sa chute. On le voit alors affaibli, escorté par des soldats hors du palais d’Addis-Abeba. Son règne avait duré plus de 44 ans, le plus long de l’histoire de l’empire éthiopien, avant de s’achever brusquement avec son renversement par un régime militaire, le 26 août 1974. L’année suivante, il est assassiné dans des circonstances étranges.

Un règne marqué par la modernisation mais aussi la polémique

Reconnu par ses partisans comme un bâtisseur, Haïlé Sélassié a lancé plusieurs programmes de développement dans l’agriculture et l’éducation. L’historien Ian Campbell le décrit comme le « père de l’Éthiopie moderne », ayant internationalisé le pays grâce à ses nombreux voyages officiels. Son petit-fils, Bedimiriam Makonnen, insiste sur l’importance qu’il a donnée à l’éducation et à la modernisation du pays, affirmant qu’avant lui, il n’y avait ni constitution ni police.

Cependant, ses détracteurs évoquent un leadership autoritaire, responsable de divisions ethniques croissantes. La période de son règne a été marquée par une forte domination des Amhara, la majorité ethnique. En 2020-2022, une guerre civile sanglante dans la région du Tigré, ainsi que des conflits dans d’autres régions comme l’Amhara et l’Oromia, témoignent des tensions ethniques persistantes. Le pays, comptant près de 130 millions d’habitants et une centaine de groupes ethniques, est aujourd’hui profondément divisé.

La mémoire et la perception publique

Officiellement, aucune cérémonie nationale n’est prévue pour commémorer l’empereur, mais ses portraits ornent encore les murs de la capitale Addis-Abeba, notamment dans la cathédrale de la Sainte-Trinité, où il repose depuis 2000. La population, elle, a témoigné de son respect lors de funérailles non officielles, 25 ans après sa mort, dans un contexte de fort sentiment national.

L’image de Sélassié est également vivante dans la culture spirituelle, notamment parmi les rastafaris, qui le considèrent comme un « Messie noir » en raison de sa lignée légendaire. Beaucoup se rappellent également de son rôle dans la lutte contre le colonialisme et la création de l’Union africaine.

La controverse demeure

Pour ses critiques, notamment Bedimiriam Makonnen, l’empereur a été mal conseillé durant son long règne et a connu des erreurs majeures, comme sa gestion de la famine de 1973-1974 qui a causé des centaines de milliers de morts. Selon lui, son séjour dans des endroits où la famine n’était pas présente a été une erreur tragique, soulignant que la gestion autoritaire empêchait une critique sincère.

Aujourd’hui, le souvenir d’Haïlé Sélassié reste complexe. D’un côté, il est perçu comme un symbole de fierté et de modernisation, de l’autre, comme un dirigeant dont le régime a alimenté des divisions ethniques profondes. Un héritage à la fois célébré et remis en question, à l’image d’un pays en constante évolution.

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