JO Paris 2024 : l'Algérie a-t-elle boycotté Israël au judo ?

La Fédération internationale de judo va ouvrir une enquête après que l'Algérien Messaoud Dris a manqué son poids aux Jeux de Paris la veille du jour où il devait affronter l'Israélien Tohar Butbul.

Le combat devait être le premier de la division masculine des 73 kg lundi, mais compte tenu de ses implications politiques, beaucoup se doutaient qu'il n'aurait pas lieu dès le moment où Dris et Butbul ont été appariés lors du tirage au sort la semaine dernière.

"Après les Jeux Olympiques, un examen complet et une enquête sur la situation seront menés, et d'autres mesures seront prises si nécessaire", a déclaré l'IJF dans un communiqué lundi.

Elle a ajouté qu'il n'était pas inhabituel que des athlètes ne passent pas le contrôle de poids lors de compétitions de judo, notant que quatre judokas n'étaient pas au poids lors des Jeux olympiques de Tokyo il y a trois ans.

"Nous pensons que le sport doit rester un domaine d'intégrité et d'équité, à l'abri des influences des conflits internationaux", a déclaré la fédération de judo. "Malheureusement, les athlètes sont souvent victimes de conflits politiques plus larges qui vont à l'encontre des valeurs du sport."

Incidents similaires

Butbul et Guy Fogel, l'entraîneur d'Israël, ont déclaré qu'ils pensaient que Dris avait subi des pressions pour manquer le combat en raison des relations tendues entre l'Algérie et Israël, qui ont donné lieu à plusieurs incidents similaires lors de récentes compétitions de judo.

"Je pense que les athlètes algériens et tous les athlètes musulmans ne peuvent pas se battre avec les athlètes israéliens", a déclaré M. Butbul. "Je pense qu'ils sont les victimes dans cette affaire. Ils ne les laisseront pas concourir, même s'il s'agit d'athlètes. Je voulais vraiment combattre avec lui, mais cela ne s'est pas produit. Peut-être que lors des prochains Jeux olympiques, nous nous rencontrerons à nouveau et que nous pourrons le faire."

Dris a été pesé dimanche à 73,4 kg, manquant de peu la limite de poids. L'IJF a déclaré que Dris ne s'était présenté à la pesée que 10 minutes avant l'heure limite, ce qui pourrait indiquer qu'il avait en fait essayé de réduire son poids, sans y parvenir.

Ce combat est la troisième victoire de Butbul lors des deux derniers Jeux olympiques, dont deux contre des adversaires algériens. À Tokyo, il y a trois ans, l'Algérien Fethi Nourine s'était retiré pour éviter un éventuel affrontement au deuxième tour avec Butbul.

Soutien à la Palestine

Nourine avait explicitement cité son soutien à la Palestine en annonçant sa décision il y a trois ans. Nourine et son entraîneur, Amar Benikhlef, ont été suspendus pour 10 ans par la FIJ. Nourine avait également renoncé à participer aux championnats du monde de 2019 à Tokyo après s'être qualifié pour un match contre Butbul.

Le deuxième adversaire potentiel de Butbul s'est également retiré des Jeux de Tokyo, bien que le Soudanais Mohamed Abdalrasool n'ait pas été sanctionné par la FIJ après avoir invoqué une blessure.

Alors que Nourine a connu peu de succès internationaux, Dris est un jeune homme prometteur de 22 ans qui a terminé septième aux championnats du monde de l'année dernière avant de remporter son troisième championnat d'Afrique consécutif au début de l'année.

"Je le respecte", a déclaré Butbul à propos de Dris. "C'est un très bon judoka. C'est un très bon athlète. J'aimerais que la paix règne au Moyen-Orient pour que je puisse aller m'entraîner en Algérie, et lui en Israël, et que nous puissions aller sur le tatami ensemble et combattre. Peut-être qu'un jour je pourrai lui serrer la main".

Butbul a perdu son premier combat à Paris lundi contre le champion du monde Hidayat Heydarov d'Azerbaïdjan.

Guerre d'Algérie

L'Algérie ne reconnaît pas officiellement l'État d'Israël et les deux pays sont en désaccord permanent depuis la guerre d'Algérie, il y a plusieurs décennies. La présence d'Israël aux Jeux de Paris a été contestée à plusieurs reprises depuis le début de l'offensive israélienne à Gaza l'année dernière, mais le CIO et le gouvernement français ont fermement soutenu le droit d'Israël à participer.

Israël possède l'une des plus grandes équipes de judo aux Jeux de Paris, avec 12 participants, et quatre judokas israéliens ont participé aux deux premiers jours du tournoi à l'Arena Champ-de-Mars.

Bien qu'aucun de leurs adversaires n'ait évité les quatre premiers judokas israéliens, le Marocain Abderrahmane Boushita et le Tadjik Nurali Emomali ont tous deux refusé de serrer la main de l'Israélien Baruch Shmailov à l'issue de leur combat dimanche. Après la victoire de Shmailov sur Boushita, il a touché du poing le drapeau israélien sur son gilet lorsque Boushita s'est éloigné de lui.

"Ce n'est pas la première fois que des athlètes ne se battent pas contre des Israéliens pour une raison quelconque", a déclaré Fogel lundi. "Cela fait partie de notre histoire. Pour moi, si vous ne voulez pas vous battre, d'accord. Nous passons au combat suivant."