Erythrée
L'Erythrée a réintégré le bloc régional d'Afrique de l'Est, l'Autorité intergouvernementale pour développement (IGAD), près de 16 ans après s'en être retiré, a annoncé le ministre de l'Information Yeman Meskel.
"L'Erythrée a repris ses activités au sein de l'IGAD et son siège" au sommet, organisé à Djibouti, de cette organisation qui regroupe sept pays, a affirmé le ministre érythréen.
Il a ajouté que son pays était prêt à participer "aux efforts en faveur de la paix, la stabilité et l'intégration régionale".
Le secrétaire exécutif de l'IGAD, Workneh Gebeyehu, a de son côté salué, dans un communiqué, "le retour de l'Erythrée dans la famille de l'IGAD".
L'Etat autoritaire avait suspendu son adhésion à l'IGAD en 2007 à la suite d'une série de désaccords, notamment sur la décision du bloc de demander au Kenya de superviser la résolution d'un différend frontalier entre l'Éthiopie et l'Erythrée.
L'Erythrée est officiellement devenue un Etat en mai 1993, deux ans après s'être défait de la domination de l'Ethiopie.
Depuis, le pays est dirigé par Issaias Afeworki, héros de l'indépendance, qui a instauré un régime de parti unique, sans élection, où toute opposition est sévèrement réprimée.
En février, il avait affirmé à des journalistes, à l'occasion d'une visite au Kenya, que son pays allait rejoindre l'IGAD "dans l'optique de relancer cette organisation régionale".
Issaias Afeworki n'était pas présent lundi à Djibouti au sommet de l'IGAD, qui regroupe, outre Djibouti, l'Ethiopie, le Kenya, la Somalie, le Soudan du Sud, le Soudan et l'Ouganda.
Un accord a été trouvé en 2018 après 25 ans de tensions entre l'Ethiopie et l'Erythrée qui ont explosé en un sanglant conflit frontalier entre 1998 et 2000, faisant 80 000 morts et 1,3 million de déplacés sans résoudre la question du tracé des frontières.
A la suite de ce rapprochement entre les deux pays, l'Erythrée a été sanctionnée par les Etats-Unis en 2021 après avoir envoyé des troupes dans la région du Tigré, au nord de l'Ethiopie, pour soutenir les forces éthiopiennes et a été accusé d'avoir massacré des centaines de civils.
Gouvernement fédéral éthiopien et autorités régionales rebelles du Tigré ont signé le 2 novembre à Pretoria un accord de cessation des hostilités, après deux ans d'une guerre brutale qui a fait des centaines de milliers de morts.
Malgré des retards, l'accord s'est traduit par des actes. Depuis sa signature, les combats ont totalement cessé et les forces érythréennes, venues soutenir l'armée éthiopienne, ont largement évacué le Tigré, même si leur présence est encore signalée dans des zones frontalières.
Le gouvernement éthiopien a rejeté la semaine dernière de récentes accusations de Human Rights Watch (HRW) faisant état d'une campagne de "nettoyage ethnique" dans l'ouest de la région du Tigré, qui ne s'appuient, selon lui, sur "aucune preuve".
Dans une rare conférence de presse, Issaias Afeworki, a lui aussi réfuté ces accusations, les qualifiant de "fantaisistes".
L'Erythrée, dont les principales richesses proviennent de mines d'or, de cuivre et de zinc, est l'un des pays les moins développés de la planète, selon l'ONU, et l'un des plus corrompus, selon le classement de l'ONG Transparency International.
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