Sénégal
Une personne est morte lundi en Casamance, dans le sud du Sénégal, lors de heurts entre les forces de l'ordre et des partisans de l'opposant Ousmane Sonko, qui a de nouveau dénoncé une tentative d'assassinat, a appris l'AFP de sources locale, administrative et auprès de son parti.
L'opposant se trouve depuis le 16 mars dans une clinique privée de Dakar où il reçoit des soins, après avoir affirmé s'être senti mal à cause du gaz lacrymogène envoyé par les forces de l'ordre lors de son transfert forcé vers le tribunal de Dakar où s'est tenu son procès en diffamation contre un ministre, ont affirmé à l'AFP deux responsables de son parti, El Hadji Malick Ndiaye et Ousseynou Ly.
"Nous avons expédié en France le produit qui a été vaporisé sur moi pour trouver ce que c'est", a déclaré M. Sonko sur son lit d'hôpital. "C'est une tentative d'assassinat", a-t-il affirmé. Il a indiqué qu'il quitterait la clinique mardi pour poursuivre sa convalescence chez lui.
"Depuis que les FDS (Forces de défense et de sécurité) m'ont déposé chez moi (à Dakar), je suis sujet à de terribles vertiges, je souffre de douleurs au bas ventre et j'éprouve des difficultés respiratoires", avait écrit l'opposant jeudi soir sur sa page Facebook.
Le président sénégalais "Macky Sall se livre ouvertement à une énième tentative d'assassinat sur ma personne", avait-il ajouté, des accusations reprises par son parti qui parle "d'empoisonnement". Les autorités n'ont pas réagi.
Macky Sall a maintenu ouverte la question de sa candidature à un troisième mandat en 2024, dans un entretien au magazine français L'Express mis en ligne lundi.
Depuis le 16 mars, jour du début du procès de M. Sonko poursuivi en diffamation par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, des heurts ont opposé des groupes de jeunes aux forces de sécurité dans plusieurs villes du pays. L'audience a été renvoyée au 30 mars.
Dans la ville de Bignona, un fief de M. Sonko à une trentaine de kilomètres de Ziguinchor, principale ville de Casamance, "un gosse a été abattu" lundi par les forces de l'ordre, a déclaré à l'AFP Yankhoba Diémé, le président du conseil départemental éponyme, une institution locale.
Des heurts ont éclaté avec les forces de l'ordre quand "des jeunes de façon spontanée sont sortis manifester dans la rue" contre le pouvoir, a dit M. Diémé, membre du parti de M. Sonko. L'information a été confirmée à l'AFP par un responsable administratif.
Les forces de l'ordre ont depuis le 16 mars arrêté plus de 400 personnes dans tout le pays lors des manifestations contre le pouvoir, a assuré lundi à l'AFP M. Ndiaye, responsable de la communication du parti de M. Sonko. Contactées par l'AFP, la police et la gendarmerie n'ont pas réagi.
Le ministre Niang poursuit M. Sonko pour diffamation, injures et faux. Il lui reproche d'avoir déclaré qu'il avait été épinglé par un rapport d'une institution de contrôle pour sa gestion d'un fonds pour l'emploi des jeunes dans l'agriculture.
L'enjeu dépasse largement la réputation du ministre. Les textes en vigueur prévoient une radiation des listes électorales, et donc une inéligibilité, dans certains cas de condamnation. M. Sonko risque donc d'être déclaré inéligible pour la présidentielle de 2024.
Lui et ses supporteurs dénoncent une instrumentalisation de la justice par le pouvoir pour l'éliminer politiquement.
En mars 2021, la mise en cause de M. Sonko dans une autre affaire de viols présumés et son arrestation sur le chemin du tribunal avaient contribué à déclencher les plus graves émeutes depuis des années dans ce pays réputé comme un rare îlot de stabilité dans une région troublée. Elles avaient fait au moins une douzaine de morts. Le procès n'a pas encore eu lieu.
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