Nigéria
Un an après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'économie nigériane continue d'en subir les conséquences, à savoir une pénurie de céréales.
40 % des boulangeries d'Abuja, la capitale nigériane, ont mis la clé sous la porte, faute de pouvoir payer le prix exorbitant de la farine.
Tolulope Phillips, gérant d’une boulangerie, poursuit tant bien que mal son activité :
" Avant le début du conflit en Ukraine, qui a commencé en février de l'année dernière (2022), la farine se vendait environ 33$ mais aujourd'hui elle est à 68$ , ce qui marque une augmentation d'environ 136%. Cette situation est très dangereuse pour la survie de toute entreprise. Le gouvernement a cependant été en mesure de fournir une aide, mais il faut fixer les prix en fonction de cette augmentation, et cela ne concerne pas seulement la farine, mais aussi le sucre, les arômes, le prix du diesel et de l'électricité. Le coût de production a donc globalement augmenté."
Tolulope Phillips n’est pas expert en économie, mais il est convaincu que son pays doit
évoluer vers un système d’autosuffisance alimentaire et non de dépendance :
"La guerre entre la Russie et l'Ukraine nous affecte ces temps-ci. Toutefois, si nous, le peuple, et le gouvernement, avions mieux investi dans l'agriculture, et avions investi dans des silos, en créant de meilleurs emplois, en veillant à ce que nos agriculteurs soient capables de produire suffisamment pour le pays, je ne vois pas pourquoi nous devrions importer du blé, du sorgho, du maïs, de pays comme l'Ukraine, ou la Russie en 2023, nous devrions être sortis de cette dépendance."
Johnson Chukwu, économiste, confirme que le Nigéria devrait concrétiser son autosuffisance alimentaire grâce à des produits locaux qui pourraient remplacer le blé, mais ces alternatives restent selon lui trop coûteuses :
" Ce que le Nigeria aurait pu faire, c'est de substituer les repas à base de farine de blé avec d'autres tubercules ou d'autres céréales produits localement, mais la production locale elle-même a souffert de l'insécurité, qui affecte la majeure partie des aliments du pays. Les Nigérians n'ont donc pas de marge de manœuvre, il est difficile pour les consommateurs locaux, d'opter pour des produits alimentaires produits localement, car ces produits sont souvent hors de prix puisque leur production est en baisse." explique-t-il.
Au Nigéria, qui reste un des principaux importateurs de blé russe, les prix moyens des denrées alimentaires ont grimpé en flèche de 37 % l’an dernier. Selon la Banque centrale du Nigeria, 2 milliards de dollars sont dépensés chaque année pour l'importation de blé en provenance d'autres pays.
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