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Tchad : les ex-prisonniers de Koro Toro racontent les tortures

Les jeunes tchadiens arrêtés lors de la manifestation contre le junte militaire au pouvoir du 20 octobre dernier, racontent le calvaire de leur détention.   -  
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Tchad

Ces jeunes tchadiens faisaient partie des centaines de personnes arrêtées par la police à la suite de manifestations contre la junte militaire au pouvoir le 20 octobre dernier. Ils ont été conduits à la prison de haute sécurité de Koro-Toro, au cœur du désert de Djourab.

Ils racontent le calvaire de leur détention rythmée entre autres par des coups et blessures.

"Pour nous, ceux qui nous ont emmenés avaient l'intention de nous tuer. Parce que tu vois, une personne qui n'a pas tué, qui n'a pas volé, on part là-bas, on t'enchaîne, on te frappe avec les fers de 16 (avec des barres de fer de 16 mm de diamètre, ndlr.), pour te donner à manger c'est un problème..." a révélé Nadjilem, détenteur d'un diplôme de droit. 

"[Dans la prison de Koro Toro, ndlr.] c'étaient les Boko Haram (des co-détenus jihadistes, ndlr.) qui étaient nos brigadiers (nos geôliers, ndlr.). Ce sont eux qui s'occupaient de nous. C'est avec les fers de 10 (des barres de fer de 10 mm de diamètre, ndlr.) qui étaient leur chicote (outil pour frapper, ndlr.), on nous chicotait (frappait, ndlr.) avec les (barres de) fer de 10, et aussi on nous a enchaîné avec les fers de 16 (mm de diamètre, ndlr.)." a expliquéYves, peintre en bâtiment. 

Plus de 600 jeunes tchadiens, dont 83 mineurs ont été emmenés de Ndjamena, vers la prison de haute sécurité de Koro Toro au milieu du désert de Djourab.

Ce voyage de deux jours en camion a été fatal pour certains d’entre eux qui sont morts de soif. Leurs corps ont été jetés dans le désert et tout comme ceux des personnes qui ont tenté de s’échapper et qui ont été abattues par les gardes.

"Juste à côté de moi (dans le camion sur la route de Koro Toro), il y avait un gars, on causait avec lui et subitement il est tombé (il est mort, ndlr.). On a demandé de l'eau pour le nettoyer, on nous a pas donné de l'eau. On a été obligé de le prendre et de le mettre sur le côté. Après au fur et à mesure, il y avait d'autres cas de l'autre côté aussi." a déclaré Nadjilem. 

Le 11 décembre, 401 des personnes arrêtées ont été jugées en masse pendant quatre jours.

Selon les procureurs, 262 ont été condamnés à deux ou trois ans de prison pour "rassemblement non autorisé" lors d’un procès collectif sans avocats. 139 personnes ont été libérées, certaines en liberté surveillée.

Les prisonniers mineurs ont été ramenés à N'Djamena, où ils attendent de comparaître devant un juge pour enfants.

"Parce que tout ce qui a été fait, a été fait dans l'illégalité, les gens ont été arrêtés dans l'illégalité, déportés dans l'illégalité, jugés dans l'illégalité et il y a des gens qui ont disparu dont on n'a pas retrouvé les corps, et ils ne sont pas à Koro Toro. Les autorités nous parlent de 600 personnes déportées à Koro Toro or les témoignages concordants, nous font savoir qu'il y a eu des personnes qui sont mortes." a signalé Frédéric Dainonet_,_coordinateur d'un collectif d'avocats de la défense des personnes arrêtées. 

L'Organisation mondiale contre la torture a déclaré que plus de 2 000 personnes avaient été arrêtées avant et après les manifestations. Seules 621 de ces arrestations ont été reconnues par le gouvernement.

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