Ouganda
L'écrivain ougandais Kakwenza Rukirabashaija, qui doit être jugé en mars pour insulte au président Yoweri Museveni et à son fils, a fui le pays, a annoncé mercredi son avocat.
"Il a quitté l'Ouganda", a déclaré à l'AFP Eron Kiiza, ajoutant que l'écrivain souhaitait faire soigner à l'étranger les blessures infligées lors de sa détention récente. "Il craint d'être empoisonné", notamment après avoir reçu "des injections de substances inconnues pendant sa détention", a ajouté l'avocat.
Arrêté le 28 décembre, Kakwenza Rukirabashaija, critique du pouvoir, avait été inculpé le 11 janvier de "communication offensante" envers Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, et son fils, le général Muhoozi Kainerugaba, dans une série de publications sur Twitter. Selon son avocat, il avait finalement été libéré, sous caution, le 26 janvier, après avoir été maintenu en détention en dépit d'une décision de justice ordonnant sa remise en liberté.
Âgé de 33 ans, l'écrivain, qui dit avoir été torturé en prison, est apparu dans un entretien diffusé samedi par la télévision NTV Uganda, qui avait montré son dos barré de marques apparemment douloureuses, et des cicatrices sur d'autres parties de son corps. "Ils m'ont roué de coups avec des matraques, partout", y déclarait-t-il.
Lundi, la justice ougandaise a annoncé qu'il serait jugé à partir du 23 mars, et refusé d'assouplir les conditions posées à sa remise en liberté, dont l'interdiction de parler à la presse. Dans un des messages de sa série de tweets visés par la justice, Kwakenza Rukirabashaija avait qualifié d'"obèse" et de "rouspéteur" le général Kainerugaba, que beaucoup voient comme le successeur de son père, âgé de 77 ans.
L'écrivain a publié en 2020 "The Greedy Barbarian" (non traduit en français), roman satirique salué par la critique qui décrit un pays imaginaire gangréné par la corruption. Il a reçu en 2021 le Prix PEN Pinter, attribué chaque année à un auteur persécuté pour avoir exprimé ses convictions.
Ces dernières années ont été marquées en Ouganda par des actes de répression contre des journalistes, des incarcérations d'avocats ou encore par le musellement de dirigeants de l'opposition.
Lundi, l'Union européenne a appelé à une "enquête complète" sur les violations des droits de l'Homme dans le pays, s'inquiétant de "la hausse importante des informations sur des cas de torture, d'arrestations arbitraires, de disparitions forcées, harcèlement et d'attaques contre des défenseurs des droits de l'Homme, des membres de l'opposition" ou des militants écologistes depuis plus d'un an.
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