Soudan
Colère, frustration et espoir, tels sont les sentiments exprimés par l’ambassadrice de Norvège au Soudan, alors que le dialogue pour une sortie de crise dans le pays semble dans l’impasse.
Membre de la troïka sur le Soudan, l’ambassadrice dénonce la répression dont sont victimes les manifestants anti-putsch. Et la mise en résidence surveillée du Premier ministre Abdallah Hamdock. Un rétropédalage pour un pays qui retrouvait le concert des nations après la chute d’Omar el-Béchir en avril 2019.
Mais la diplomate ne perd pas espoir. "La pression internationale est constante. Il y a eu des réunions au sein du Conseil de sécurité, du Conseil des droits de l'homme, et il y a des déclarations fortes qui appellent, en particulier les dirigeants militaires, à faire en sorte que nous puissions revenir à une transition démocratique et à un dialogue entre partenaires égaux. Cette pression sera donc maintenue, j'en suis certain, et nous constatons également une très forte pression de l’intérieur.", a déclaré Therese Loken Gheziel, ambassadrice de la Norvège au Soudan.
A l’intérieur, les manifestations contre les militaires sont réprimées dans le sang. Au moins 15 personnes ont été tuées à Khartoum mercredi. Les forces de sécurité ont de nouveau tiré sur des manifestants, les poursuivant jusque dans les hôpitaux et les maisons, selon des médecins. "Entraver l'accès aux hôpitaux est intolérable et illégal, de même que couper les communications et tous ces actes ne mènent à aucun dialogue constructif.'', explique -t-elle.
Therese Loken Gheziel, affirme avoir déjà plaidé auprès des généraux contre l'"usage disproportionné de la force".
"Nous continuons à appeler à la reprise du dialogue entre les partenaires, ce qui implique le retour du Premier ministre Abdallah Hamdok pour exercer ses fonctions conformément à la déclaration constitutionnelle. C'est la seule façon d'instaurer un dialogue entre des partenaires égaux. Et grâce à son expérience économique, nous pensons qu'il peut être le pont qui permettra à ce pays de traverser cette crise en eaux troubles.", a expliqué l’ambassadrice.
Régulièrement depuis le coup d'Etat, elle rencontre le Premier ministre Abdallah Hamdok en résidence surveillée, et le général al-Burhane, chef du Conseil de souveraineté, soit la plus haute des institutions intérimaires.
Tous deux veulent, comme d'autres dirigeants, assure l'ambassadrice, "redessiner le partenariat" militaro-civil --clé de voûte de l'après-Béchir, rapidement devenue pour les manifestants "le partenariat du sang" entre des responsables civils incapables de s'imposer, des généraux se rêvant inamovibles et d'ex-rebelles prompts à s'aligner sur l'armée.
"Dans toutes nos réunions, j'entends de la colère et de la frustration des deux côtés", rapporte Therese Gheziel.
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