République Centrafricaine
Des partis d'opposition en Centrafrique ont annoncé jeudi avoir conditionné leur retour au sein du "dialogue républicain", que le président Faustin Archange Touadéra souhaite organiser pour sortir le pays de la guerre, à l’arrêt des poursuites judiciaires contre trois députés.
La Coalition de l'opposition démocratique (COD-2020) s'est retirée il y a deux semaines du dialogue, accusant le président Touadéra de vouloir faire lever l'immunité des députés de l'opposition. Les membres de la COD-2020 ont demandé dans un communiqué "un abandon pur et simple des poursuites judiciaires" visant les trois élus, seule "solution incontournable à la résolution de la crise".
Les trois députés concernés par la levée de leur immunité parlementaire sont Anicet Georges Dologuélé, arrivé deuxième lors de la présidentielle de décembre 2020, Martin Ziguélé, arrivé en troisième position, et Aurélien Simplice Zingas. Ils avaient déjà été notifiés en début d'année d'une interdiction de sortie du territoire.
Rébellion
"On demande la levée de leur immunité dans le cadre des enquêtes visant François Bozizé", ex-chef de l’État de 2003 à 2013, qui a pris la tête d'une rébellion formée en décembre pour renverser le président Touadéra, avait affirmé un membre du bureau du président de l'Assemblée nationale sous couvert d'anonymat.
L'ex-président se trouve au Tchad dans l'attente d'un hypothétique dialogue avec Bangui. "Les tracasseries et poursuites illégales engagées contre les députés (...) revêtent bel et bien un caractère politique", a accusé la COD-2020. Les membres de l'opposition qui ont rencontré le président Touadéra ont affirmé que le chef de l’Etat avait promis de "poursuivre les consultations et réflexions en vue d'un dénouement heureux de ce blocage dans l'intérêt supérieur de la nation".
Cessez-le-feu
Promis juste après sa réélection par le président Touadéra, le dialogue républicain avait déjà été vivement critiqué par l'opposition qui estimait son comité d'organisation trop proche du pouvoir. Par ailleurs, malgré l'annonce d'un cessez-le-feu le 15 octobre par Faustin-Archange Touadéra, Bangui s'est toujours opposé à la participation au dialogue des groupes armés, ce qui rend son application illusoire, selon l'opposition et plusieurs experts.
Classée deuxième pays le moins développé au monde par l'ONU, le Centrafrique a été plongée dans une guerre civile sanglante après un coup d’État en 2013. Ce conflit perdure mais a considérablement baissé d'intensité depuis trois ans, même si des pans entiers de territoires continuent d'échapper au pouvoir central.
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