Egypte
La tradition égyptienne du tahtib, populaire lors des festivités et remontant à au moins 5 000 ans, est devenue un art martial moderne dont les passionnés espèrent qu'il pourra faire un jour son entrée aux Jeux olympiques.
Le franco-égyptien Adel Paul Boulad, qui est depuis une quinzaine d'années la force motrice du tahtib moderne, qualifie cette poussée de "projet unificateur" et de "révolution culturelle".
La pratique moderne _"est une version sportive actualisée d'un art millénaire. _C'est une pratique sportive qui est codifiée, structurée et qui traverse toute l'histoire de l'Égypte", explique ce professeur d'arts martiaux d'une soixantaine d'années.
Le tahtib traditionnel, populaire dans le sud rural de l'Égypte, était réservé aux hommes : deux combattants exécutaient une danse tout en brandissant des tiges en forme de bambou, dans un face-à-face ressemblant quelque peu à un duel d'escrime. Des musiciens folkloriques aux tambours bruyants accompagnent le spectacle, qui est populaire lors des mariages et des festivités, et gonflent la foule qui entoure les hommes, qui portent des robes traditionnelles galabeya.
Bientôt aux JO ?
Boulad, qui est également coach d'entreprise a poussé pour que l'UNESCO, inscrive en 2016 cet art martial au "patrimoine culturel immatériel de l'humanité". Il souhaite désormais que le tahtib soit inclus comme sport de combat aux Jeux olympiques dans les années à venir.
Avec des expositions, notamment au Festival international des arts martiaux de Paris en 2016, le tahtib moderne a déjà attiré des adeptes à l'échelle internationale, mais il tente encore de s'imposer en Égypte. Boulad s'est donné deux à trois ans, avec l'aide de financements privés, pour créer des "centres régionaux" à travers le monde afin de diffuser davantage ce sport, notamment au Canada, en Colombie et en Hongrie.
"Je dis aux Égyptiens de se bouger, sinon le tahtib ira aux Jeux olympiques sans équipe égyptienne pour le représenter", a-t-il déclaré.
Une partie de l'histoire
Dans le quartier huppé de Rehab, dans la banlieue est du Caire, un parc de loisirs accueille les premiers instructeurs égyptiens enthousiastes formés par Boulad, ainsi que leurs élèves enthousiastes.
Nasser Refai, 44 ans, professeur d'éducation physique et l'un des formateurs, a déclaré que le style de combat égyptien hérité de l'époque des pharaons était un "trésor". "C'est quelque chose que nous devons conserver. Comme toute forme d'art, si nous ne pratiquons pas, nous le perdons", explique celui que ses élèves surnomment affectueusement Capitaine Nasser.
Lui et ses associés ont lentement commencé à attirer de jeunes admirateurs locaux de ce sport via les réseaux sociaux."Il ne s'agit pas seulement de se battre, il s'agit de se respecter et de changer soi-même", avance-t-il .
Bâton en main et foulard sur la tête, Jasmine Anwar, 25 ans, participe avec enthousiasme à sa première séance d'entraînement. "Je vais continuer. Je veux apprendre à manier ce bâton", déclare cette institutrice. Un peu plus loin, la dernière recrue, Jouba Ayoub Mohammed, un graphiste de 27 ans, souhaite aider à la promotion de ce sport auprès des autres membres de sa génération.
Mais pour cela _"nous devons d'abord faire savoir aux Égyptiens que le tahtib n'est pas une danse folklorique pratiquée uniquement lors des mariages et autres événements culturels. _C'est une partie de l'histoire ancienne de l'Égypte".
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