Algérie
L'accès restreint aux archives de la période coloniale et de la Guerre d'Algérie reste un des points de discorde entre Alger et Paris.
Après avoir reconnu la responsabilité de la France dans l'assassinat de l'avocat indépendantiste Ali Boumendjel, le président français Emmanuel Macron fait un nouveau geste pour faciliter l'accès aux archives classifiées incluant notamment la Guerre d'Algérie. Objectif : briser les tabous, assainir les relations entre la France et l'Algérie mais aussi mettre la lumière sur certaines zones d'ombres.
Concrètement les archives nationales et les services des ministères des affaires étrangères et des armées pourront déclassifier plus vite des archives de plus de 50 ans, ce qui permettrait de réduire les délais d'attente pour les chercheurs qui veulent y accéder.
Pour Céline Guyon, présidente de l'Association des archivistes français, si la mobilisation citoyenne a été entendue par le président français, il ne faut pas s'emballer.
"Sur le fond rien ne changera finalement, puisqu'il s'agit d'une mesure de simplification qui est qualifiée de démarquage au carton. C'est à dire que plutôt que de démarquer pièce à pièce, le président a autorisé à démarquer carton après carton. Mais il faut savoir que les services d'archives conservent plusieurs dizaines de milliers de cartons contenant des documents secret-défense", explique Céline Guyon.
Une réelle avancée ?
Dans les médias algériens, l'opinion est divisée sur la portée des actions de la présidence française. "Le président français Emmanuel Macron a fait un grand pas", écrit le quotidien algérien Liberté. De son côté, l'Expression, quotidien proche du pouvoir algérien affirme que "le président français semble vouloir mettre les bouchées doubles dans la voix d'une relation apaisée avec l'Algérie". Mais cette ouverture, ajoute le journal, ne règle pas les contentions de l'Histoire, car les archives ne disent pas tout.
Samir Larabi, journaliste et membre du Parti Socialiste des Travailleurs, salue l'avancée faite avec ce geste du président français, mais met en garde contre la fiabilité des documents. "C'est une avancée que l'on déclassifie et que l'on facilite l'accès aux chercheurs et voir même à un large public. Mais je pense aussi qu'il faut faire attention à l'usage de ces archives, parce qu'il se peut aussi qu'il y ait manipulation de certains documents. Quand ce sont des archives faites par ce que l'on appelle le "Deuxième bureau" (surnom du service de renseignements des armées), qui était aussi chargé de la propagande coloniale, il est fort possible qu'il y ait des documents qui soient falsifiés, mal interprétés ou mal étudiés",
Mais certaines archives ne seront pas déclassifiées, dont celles sur les essais nucléaires menés dans le Sahara algérien dans les années 60. Malgré les demandes d'Alger, et au grand dam de Samir Larabi.
"Bien sûr, ça doit être déclassifié", affirme t-il. "Beaucoup d'algériens notamment dans le sud du pays ont souffert et continue de souffrir de ces essais nucléaires. Il y a beaucoup de maladies, de cancer, de déformations il y a encore des bébés ou des gens qui sont déformés."
Une déclassification permettrait de retourner sur cette période de l'histoire, encore douloureuse pour de nombreux algériens. "Je considère qu'il faut tout ouvrir et ne rien laisser" affirme Samir Larabi.
Sur la question des excuses, le journaliste algérien que la France, en mémoire des actions commises sous l'époque coloniale, devrait présenter des excuses à l'Algérie. "Pas uniquement demander des excuses, mais ne pas reproduire les pratiques d'hier, sous sa forme coloniale ou sous sa forme néo-coloniale."
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Arrêt sur images du 8 novembre 2024