Tunisie
Nouvelles manifestations en Tunisie alors que les députés doivent se prononcer sur un remaniement ministériel. Ce mardi, des milliers de Tunisiens étaient rassemblés près du Parlement à l’appel d’une trentaine d’associations pour protester contre la stratégie de répression policière dans des zones marginalisées du pays.
Depuis plusieurs nuits, des jeunes s'en prennent à la police déployée pour imposer un couvre-feu, peu après le dixième anniversaire de la révolution qui a fait chuter le 14 janvier 2011 le dictateur Ben Ali, après 23 ans de pouvoir. Hier, des heurts ont encore éclaté à Sbeitla, une semaine après le décès d’un jeune touché par une cartouche de gaz lacrymogène. Ces nuits de violences ont été suivies par des manifestations pour réclamer notamment la libération des centaines de jeunes protestataires interpellés et une meilleure politique sociale.
Mardi matin, les manifestants ont tenté de déjouer un très important dispositif policier entourant l'Assemblée. Des députés ont protesté contre ce déploiement massif, appelant à davantage de dialogue. Un vote doit avoir lieu en fin de journée pour soutenir un remaniement initié par le Premier ministre Hichem Mechcichi.Une mesure critiquée lundi soir par le président Kais Saied, Le chef de l'Etat à déploré l’absence de femmes et la nomination de quatre ministres soupçonnés de corruption et de conflit d’intérêt.
Parlement divisé
Cela augure de nouveaux tiraillements sur la composition du gouvernement, une tâche particulièrement laborieuse depuis les législatives de 2019 qui ont abouti à un Parlement divisé en une myriade de partis formant des alliances fragiles. Après l'échec d'un premier gouvernement à obtenir l'aval des députés en janvier 2020, et la démission en juillet d'un second exécutif après quelques mois au pouvoir, l'actuel cabinet était l'objet de tractations depuis son arrivée en septembre.
Hichem Mechichi, un technocrate nommé par le président Kais Saied, avait composé une équipe comprenant de nombreux fonctionnaires ou universitaires, dont certains proches du président. Il avait obtenu la confiance des députés qui risquaient à défaut une dissolution de l'Assemblée, mais ceux-ci avaient réclamé des modifications a posteriori. Le Premier ministre a ainsi recomposé son équipe avec l'appui du principal parti parlementaire, Ennahdha, allié au parti libéral Qalb Tounès et à la formation islamiste Karama.
Mais le président Kais Saied, un universitaire farouchement indépendant, critique de la démocratie parlementaire et engagé dans un bras de fer avec Ennahdha, tente de se replacer au centre d'un jeu politique instable. Il risque d'accentuer les animosités qui paralysent l'action politique, au moment où le pays est touché de plein fouet par la pandémie de coronavirus et ses retombées sociales.
La Tunisie enregistre plus de 2 000 nouveaux cas confirmés et 50 morts du Covid-19 chaque jour. Des médecins ont alerté sur les difficultés croissantes à trouver des places en réanimation. Les restrictions adoptées pour lutter contre la contagion ont touché de plein fouet les plus précaires, détruisant des dizaines de milliers d'emplois et perturbant la scolarité.
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