Tunisie
Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, principale force du Parlement tunisien, a appelé lundi à des négociations pour un changement de gouvernement alors que le Premier ministre est sous le coup d’une enquête pour conflit d’intérêts.
Le président Kais Saied s’est opposé à des concertations en coulisse, et le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh a répliqué lundi soir en annonçant un remaniement “dans les prochains jours”, laissant entendre qu’il pourrait écarter des ministres d’Ennahdha.
Ennahdha, qui est en difficulté au sein de la coalition gouvernementale, avait un peu plus tôt indiqué envisager le départ de M. Fakhfakh. Ce dernier avait été désigné fin janvier par le président Saied après des mois de négociations et deux échecs du parti d’inspiration islamiste à réunir une majorité autour d’un chef de gouvernement.
Organe consultatif du parti, le Conseil de la Choura “a confié à son dirigeant Rached Ghannouchi le soin de mener des consultations (…) pour s’entendre sur un nouveau gouvernement”, a indiqué lundi matin son président, Abdelkarim Harouni.
“La situation économique et sociale très grave ne peut être surmontée par un gouvernement dont le chef est soupçonné de conflit d’intérêts”, a expliqué M. Harouni en conférence de presse. “Ennahdha n’accepte aucun soupçon de corruption dans ce gouvernement”.
Le Premier ministre Fakhfakh, est sous le coup d’une enquête parlementaire, car il est accusé de ne pas avoir cédé la gestion de ses parts dans des sociétés d’assainissement qui ont remporté d’importants marchés publics.
Le président tunisien a rétorqué qu’il était opposé à des négociations entre les partis sur un nouveau gouvernement, après une réunion avec M. Fakhfakh et le secrétaire général de la puissante centrale syndicale UGTT Noureddine Taboubi.
Remaniement dans “les prochains jours”
“Il n’y aura pas de consultations tant que le Premier ministre sera au pouvoir”, a-t-il déclaré selon un communiqué de la présidence, ajoutant que seule une démission du chef du gouvernement ou un vote de défiance, pouvait justifier de telles consultations.
M. Fakhfakh, lui, a annoncé un remaniement dans “les prochains jours”, et accusé Ennahdha d’alimenter une “crise politique” visant à satisfaire “des intérêts partisans étroits”.
Il a reproché à ce parti qui participe à son gouvernement de “perturber le travail gouvernemental”.
La coalition gouvernementale actuelle comprend plusieurs blocs parlementaires divergents, dont certains ont voté des motions contre Ennahdha, leur allié au gouvernement, et son chef Rached Ghannouchi.
Ainsi, le parti nationaliste Charb et le parti démocrate Attayar, ont soutenu une motion en cours de discussion qui pourrait demander le retrait de M. Ghannouchi de la présidence du Parlement.
Ennahdha souhaite intégrer le parti libéral laïc Qalb Tounes, deuxième parti du Parlement, au sein de la coalition, estimant qu’elle serait ainsi plus stable.
Le Parlement issu des législatives d’octobre 2019 est profondément fragmenté, alors que la population est en attente d’une relance de l‘économie et une amélioration de la situation sociale.
AFP
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