Algérie
Place à la grande fête après presque 30 ans d’attente: l’Algérie a accueilli samedi ses héros, qui ont conquis la deuxième Coupe d’Afrique des nations de son histoire, en battant la veille le Sénégal (1-0) au Caire.
Les Fennecs, médailles de champions au cou, sont arrivés en début d’après-midi à l’aéroport d’Alger où les attendait une délégation conduite par le Premier ministre Noureddine Bedoui.
Le capitaine Ryad Mahrez était le premier à sortir de l’appareil, en brandissant le trophée, avec le sélectionneur Djamel Belmadi.
Sur le tarmac, les pompiers leur ont offert un “water salute”, un arc réalisé avec des lances à eau, selon des images retransmises en direct par la télévision nationale.
Les joueurs ont ensuite parcouru un tapis rouge jusqu’au salon d’honneur de l’aéroport. Ils sont ensuite montés à bord d’un car spécialement aménagé pour parader dans les rues d’Alger, où les attendait depuis des heures une foule sous un soleil de plomb.
Sur leur passage, les Algériens, certains drapés du drapeau national, saluaient leurs champions. Installés en haut du bus à impériale, les joueurs faisaient des signes de la main à la foule.
L‘épopée des Verts —au fond du trou il y a deux ans avec une élimination sans gloire dès le 1er tour de la CAN-2017 et une instabilité chronique autour du poste de sélectionneur— a été inattendue.
Ils ont gagné 1-0 vendredi soir contre le Sénégal au Caire, lors d’une finale à laquelle ont assisté près de 20.000 supporters algériens, dont le président par interim Abdelkader Bensalah.
Les Fennecs ont remporté le titre 29 ans après celui de 1990. Si elle était arrivée sur la pointe des pieds en Egypte, l‘équipe de Riyad Mahrez s’est révélée jusqu‘à devenir la maîtresse du Continent, en toute logique. En plein mouvement de protestation contre l‘élite politique au pays, ce sacre prend une dimension particulière.
“Un moment très particulier”
“Toute l’Algérie va être dans la rue, cela va être incroyable. Je l’ai vécu en 2014 (après le premier 8e de finale de Coupe du monde de l’histoire de la sélection algérienne, NDLR), c‘était incroyable. Mais là, ça va être pire !”, avait indiqué plus tôt le N.10 algérien Sofiane Feghouli.
D’Oran, la ville natale du buteur décisif Baghdad Bounedjah, à Paris et Marseille, où il y a une importante diaspora, les supporters des Fennecs ont célébré la victoire toute la nuit dans une ambiance festive dans l’ensemble, malgré quelques incidents.
La deuxième étoile africaine des Fennecs arrive dans “un moment très particulier”, souligne le président de la fédération algérienne, alors que le pays connaît un mouvement de contestation politique inédit depuis fin février.
“Cette victoire va très certainement insuffler un souffle nouveau”, a-t-il estimé, ajoutant que la prestation de ses joueurs s’est aussi réalisée “sous l’impulsion de cet extraordinaire élan populaire qui est en train d’emmener l’Algérie vers des jours meilleurs”.
Si les joueurs ont unanimement reconnu l’importance du “hirak” dans leur épopée, un nom est sur toutes les lèvres pour expliquer la raison de cette renaissance sportive: Djamel Belmadi. L’homme qui a transformé, en moins d’un an, une équipe moribonde, absente du Mondial-2018, en une machine à gagner.
Hommage à Belmadi
“Il mérite tous les éloges, c’est grâce à lui qu’on en est là. Il nous a suivi depuis le début. Il a reconstruit l‘équipe, il a tout fait ! C’est sûr que les acteurs, ce sont nous, mais autour tout était parfait. Il faut lui rendre hommage parce qu’il en est pour beaucoup”, a déclaré Riyad Mahrez.
“C’est magnifique ce qu’ont fait les garçons, il faut les féliciter vraiment. Ils ont été à la hauteur des attentes du peuple”, a dit vendredi Djamel Belmadi, dans une joie intense mais contenue.
Symbole de la transformation des Fennecs, Mahrez, auteur d’un coup franc d’anthologie en demi-finale, a semblé devenir un autre joueur depuis qu’il a hérité du brassard de capitaine: “J’ai toujours eu beaucoup de responsabilités en sélection. Mais en ayant le brassard, il m’a donné beaucoup de confiance”.
Avec des jeunes talents comme Ismaël Bennacer, élu meilleur joueur du tournoi à seulement 21 ans, ou Youcef Atal, l’avenir de la sélection algérienne s’annonce radieux. D’autant plus qu’elle ne s’appuie plus exclusivement sur les Binationaux, qui représentent encore 14 joueurs sur 23, mais aussi sur une vague de talents locaux comme Youcef Belaïli et Baghdad Bounedjah.
AFP
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