Nigéria
La secte Boko Haram que l’on disait affaibli semble renaître de ses cendres dans le nord-est du Nigeria, où elle a intensifié des attaques contre les bases militaires. Pourquoi cette recrudescence des attaques alors que l’armée Nigériane est déployée sur de nombreux fronts aux quatre coins du pays?
Le nord-est du Nigeria a été ces derniers mois le théâtre de plusieurs attaques du groupe de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), contre les bases militaires Nigeriane. Ainsi, le 23 novembre, le groupe djihadiste a affirmé avoir tué 118 soldats nigérians lors de cinq attaques contre des bases militaires du nord-est du pays. Aussi, le 2 janvier cinq militaires nigérians sont morts quand leur hélicoptère s’est écrasé alors qu’ils étaient en mission de soutien durant l’attaque de la base Damasak, dans l’Etat de Borno (nord-est), par les djihadistes.
Les jihadistes s’emparent des munitions de l’armée Nigériane
Les combattants de l’ISWAP ont réussi à accumuler ces derniers mois un puissant arsenal de guerre grâce aux pillages successifs des bases militaires attaquées, mais aussi au trafic d’armes en provenance d’autres pays africains.
La prise temporaire de la ville de Baga le 27 décembre en est une illustration. Plus de 600 soldats de la Force multinationale mixte (MNJTF) acculés par les assaillants ont dû prendre la fuite.
Comme à chaque attaque, les jihadistes ont profité de s’emparer des armes, munitions et véhicules stockés sur cette base stratégique des rives du lac Tchad. “Boko Haram, est mieux équipé que les soldats”, affirme à l’AFP un milicien engagé aux côtés de l’armée dans la région, Sanda Kime.
“Il y a une pénurie d’armes et de munitions pour nos troupes. C’est un problème grave”, confirme Amaechi Nwokolo, chercheur au Roman Institute of Security Studies d’Abuja.
L’augmentation exponentielle du trafic d’armes en Afrique sub-saharien a largement favorisé l’ISWAP dans sa course à l’armement. Ainsi, ils ont pu acquérir du matériel “plus sophistiqué” provenant notamment de la Corne de l’Afrique et du Moyen-Orient via le Soudan, selon Yan St Pierre, consultant en contre-terrorisme pour le cabinet MOSECON.
Une armée démoralisée
Engagé sur plusieurs front, le moral des troupes nigeriane est au plus bas .“Elles (les troupes)ont été poussées à leur limite”, estime le chercheur Amaechi Nwokolo.
L’armée avait enregistré d’importants succès militaires fin 2015, chassant les jihadistes de pans entiers de territoires sous leur contrôle, mais depuis le groupe a adopté des tactiques de guérilla difficiles à contrer.
Fin 2015, l’armée avait enregistré d’importantes victoires, mettant en déroute les jihadistes de pans entiers de territoires sous leur contrôle. Mais depuis le groupe a multiplié différentes stratégies de guérilla difficiles à contrer.
En août, des centaines de soldats ont manifesté à l’aéroport de Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno, dans le nord-est, en tirant en l’air, pour exprimer leur épuisement après quatre ans sur la ligne de front sans relèves ou avec de trop rares permissions pour rentrer voir leurs proches.
Les jihadistes font appel aux forces extérieures
Dans son message du nouvel an, le chef d‘état-major de l’armée de l’air, le maréchal Sadique Abubakar, a déclaré que les jihadistes comptaient désormais dans leurs rangs des combattants étrangers de l’organisation de l’Etat islamique (EI).
“Nous avons assisté à (…) l’arrivée de combattants et technologies hautement expérimentés et qualifiés lorsque des éléments de l’EI ont été chassés de Syrie et transférés dans le nord-est” du Nigeria, a-t-il affirmé.
Les rumeurs selon lesquelles Boko Haram recrute à l‘étranger ne sont pas nouvelles, mais ces derniers mois de nombreux témoignages, appuyés par plusieurs experts, vont dans ce sens.
Par ailleurs, selon ce spécialiste, l’ISWAP mène depuis six mois une intense campagne de recrutement au Nigeria et dans les pays voisins comme le Niger et le Tchad, où ses imams multiplient les prêches pour présenter le groupe jihadiste comme une alternative “crédible et légitime” au gouvernement alors que s’approche l‘élection présentielle de février à laquelle le président Muhammadu Buhari se représente.
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