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Afrique - Libre circulation : entre progrès et attentes

Afrique - Libre circulation : entre progrès et attentes

Kenya

Peut-être encore trop tôt pour s’en réjouir. Mais, entre 2016 et 2017, l’Afrique a marqué un important pas vers l’intégration régionale. Plusieurs pays ont en effet décidé de lever les barrières frontalières accélérant le mouvement de libre circulation tant espéré par l’Union africaine.

En juillet 2016, l’Union africaine lançait le passeport africain. Projet emblématique de l’ancienne présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, ce passeport qui ne concerne pour l’heure que les chefs d’Etats et certains diplomates, a vite refroidi les espoirs de l’Africain lambda qui devra attendre encore bien longtemps pour obtenir le précieux sésame lui permettant de voyager dans toute l’Afrique.

Mais, une autre lueur d’espoir s’est ravivée entre 2016 et 2017 avec un changement de perception de plusieurs pays africains qui ont décidé de supprimer les restrictions de visa. Lors de son investiture fin novembre, le chef de l’Etat kényan Uhuru Kenyatta a promis que dès janvier 2018, le Kenya délivrera des visas à l’arrivée à tous les Africains.

Plus tôt avant lui, c’est le Bénin qui ouvrait ses portes à une trentaine de pays africains – en dehors des 14 Etats de la Communauté économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dont il est membre – pour tout séjour n’excédant pas les 90 jours.

Le Kenya et le Bénin marchent ainsi dans les pas du Ghana, pays de l’Afrique de l’Ouest qui a supprimé les visas pour un tiers des pays membres de l’Union africaine, et délivre les visas à l’arrivée aux deux tiers restants. Même logique au Sénégal qui applique cette procédure avec 42 pays africains ; ou encore au Rwanda où le gouvernement délivre depuis 2013, des visas à l’arrivée à tous les Africains.

Au Seychelles, précurseur en termes de libre-circulation, pas besoin de visa pour accéder à l‘île, sauf quelques conditions à remplir.

“Intégration sécurisée”

À ce jour, quatre groupes sous-régionaux ont également acté l’intégration. La Cédéao en Afrique de l’Ouest, la SADC en Afrique du Sud, et la EAC en Afrique de l’Est appliquent la politique de suppression des visas depuis bien d’années.

Jusque-là réfractaire à cette donne, l’Afrique centrale s’est enfin décidée à sauter le pas fin octobre. Les six pays du groupement – Tchad, Centrafique, Cameroun, Gabon, Congo et Guinée équatoriale – ont ainsi exempté leurs citoyens de visa.

Ce changement de perception rime bien avec la crime économique qui a secoué l’Afrique en raison de la chute des cours des matières premières. En s’ouvrant à leurs compères africains, certains pays espèrent bien redynamiser leur économie en se portant sur le tourisme.

Anaclet Kalibata, directeur général de l’immigration et de l‘émigration du Rwanda, note une croissance très rapide du nombre d’investisseurs africains dans le pays depuis l’adoption de la mesure, mais aussi une augmentation des conférences internationales.

À l’inverse, il n’a pas été constaté un accroissement du taux de criminalité. C’est bien ce dernier point, ainsi que la proportion d’emplois accordés aux immigrés africains qui avaient jusque-là inquiété les sceptiques de la libre circulation des personnes. Début décembre, le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo, plaidait pour une “intégration sécurisée”, après que la Cémac eut levé les restrictions de visas. Il avait alors préconisé un renforcement des contrôles aux frontières.

Les conflits armés et les conflits dans certaines régions pourraient bien expliquer ces inquiétudes. Mais dans son rapport sur l’ouverture des frontières en Afrique 2017, la Banque africaine de développement (BAD) pose comme solutions l’utilisation de la technologie biométrique, la coordination des services de la police et de sécurité, et le respect des différentes réglementations du travail.

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