M23
Le groupe armé AFC/M23, soutenu par le Rwanda, a annoncé le recrutement officiel de 378 nouveaux magistrats dans l’est de la République démocratique du Congo.
Cette initiative vise à mettre en place un système judiciaire parallèle dans les zones du Nord-Kivu placées sous son contrôle. Selon le mouvement rebelle, ces magistrats ont été intégrés à l’issue d’un processus de sélection dont les résultats ont été publiés ce lundi soir à Goma.
Face aux condamnations fermes du gouvernement congolais, l’AFC/M23 tente de légitimer sa démarche en invoquant la nécessité d’assurer l’accès à la justice pour les populations vivant sous son contrôle.
« Conformément à la Constitution, on ne peut pas priver un peuple de l’accès à la justice », déclare Élie Mutela, rapporteur de la Commission de relance de la justice de l’AFC/M23. « Voilà la motivation qui nous anime : remettre sur pied un appareil judiciaire afin que chacun puisse présenter son dossier devant son juge naturel. »
Cette campagne de recrutement massif s’inscrit dans le cadre des activités de la Commission de Relance de la Justice (CRJ), une structure créée par les rebelles il y a plusieurs mois. Selon des sources locales, le processus, amorcé le 14 septembre dernier, aurait comporté plusieurs étapes d’évaluation visant à sélectionner les nouveaux magistrats.
Certains juristes affirment désormais vouloir exercer pleinement leurs fonctions dans les territoires contrôlés par le M23.
« Ceux qui devaient administrer la justice étant absents, nous ne pouvions pas abandonner nos compatriotes à leur sort », explique Jason Kalegamire, avocat ayant rejoint l’initiative. « C’est ainsi que nous avons répondu à l’appel de l’AFC/M23. »
Depuis la prise de Goma en janvier dernier, la situation des plus de deux millions d’habitants de la ville demeure précaire. Privés d’un système judiciaire étatique fonctionnel et confrontés à une économie locale paralysée, notamment par la fermeture prolongée des banques, les civils vivent dans un flou institutionnel permanent.
Face à la création de cette “justice rebelle”, la population oscille entre espoir et méfiance.
« C’est une bonne nouvelle, mais nous restons surpris », confie Gueul Mamulaka, membre de la société civile. « Le M23 veut instaurer sa justice, tandis que Kinshasa s’y oppose. C’est une contradiction qui nous laisse dans l’incertitude. Nous ignorons comment les choses vont évoluer, mais la justice, en soi, est une bonne chose. »
Le gouvernement central a réagi avec fermeté. Kinshasa a déclaré nuls et non avenus tous les actes posés par les magistrats désignés par l’AFC/M23, estimant que cette « justice parallèle » constitue une atteinte grave à la souveraineté nationale et au monopole de l’État en matière judiciaire.
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