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Cameroun : Tchiroma crie à la fraude et appelle à une mobilisation pacifique

Le candidat de l'opposition à la présidence Issa Tchiroma arrive pour voter dans un bureau de vote à Garoua, au Cameroun, le dimanche 12 octobre 2025   -  
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Cameroun

Alors que le Conseil constitutionnel camerounais a clos, mercredi, l’examen des recours déposés à la suite du scrutin présidentiel du 12 octobre, Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), a diffusé un nouvel appel à la mobilisation.

Depuis Garoua, sa ville natale dans le nord du pays, il a publié une vidéo sur sa page Facebook dans laquelle il réaffirme avoir remporté la présidentielle avec une « marge écrasante », accusant le pouvoir de vouloir lui « voler » sa victoire.

Dans ce message solennel, prononcé dans un ton mêlant gravité et ferveur patriotique, l’ancien ministre de la Communication s’est adressé à ses compatriotes : « Mes chers compatriotes, l'heure est grave. Nous n'accepterons pas de nous faire voler notre victoire. S'ils préfèrent menacer la sérénité et la paix du pays plutôt que d'admettre la défaite, nous répondrons par la détermination pacifique du peuple. J'invite tous les Camerounais, du nord au sud, de l'est à l'ouest, et partout où vous résidez dans le monde, à sortir comme un seul homme, dans la paix et dans l'amour de la patrie. Marchons pour la libération et pour la revendication de notre victoire. »

Ce discours, largement relayé sur les réseaux sociaux, se veut un appel à la résistance non violente. Tchiroma, qui affirme détenir des résultats couvrant près de 80 % du corps électoral, rejette catégoriquement toute proclamation en faveur du président sortant Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis plus de quatre décennies.

Quelques heures plus tôt, le Conseil constitutionnel avait rejeté l’ensemble des huit recours introduits en contentieux électoral, ouvrant la voie à l’annonce des résultats officiels le lundi 27 octobre.

Les juges ont écarté ces plaintes, pour la plupart déposées hors délai ou jugées non conformes, tandis que la seule examinée sur le fond – celle de Tomaïno Ndam Njoya (UDC) – a été déclarée irrecevable faute de preuves.

Les autres candidats, Joshua Osih (SDF) et Cabral Libii (PCRN), ont quant à eux retiré leurs recours sans explication publique, laissant Issa Tchiroma Bakary seul dans la contestation ouverte du processus.

Du côté du gouvernement, cette prise de parole n’a suscité qu’un intérêt mesuré. Le ministère de la Communication l’a qualifiée de « non-événement », tandis que Grégoire Owona, ministre du Travail et secrétaire général adjoint du RDPC, a fustigé une initiative « précipitée » :

« J’ai l’impression que M. Tchiroma prend l’élection présidentielle pour une plaisanterie. Il n’a pas pu apporter les éléments ni à la Commission centrale, ni au contentieux. Je lui rappelle que ce sont ces instances qui décident de ce qui se passe à l’élection présidentielle. »

Pour le parti au pouvoir, le processus électoral suit son cours normal, et les appels à la mobilisation lancés par l’opposition ne devraient pas perturber la proclamation prochaine des résultats.

Alors que la date du 27 octobre s’impose désormais comme le rendez-vous décisif, l’appel de Tchiroma semble raviver les tensions dans le nord du pays, où ses soutiens demeurent très actifs.

Ces derniers jours, Maroua et Garoua ont été le théâtre de manifestations sporadiques, parfois dispersées par les forces de l’ordre.

Si le candidat du FSNC se dit déterminé à maintenir son combat dans un cadre strictement pacifique, ses propos laissent transparaître la crainte d’un affrontement politique plus profond entre les institutions et la rue.

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