Business africa
Cette semaine dans Business Africa : le Rwanda claque la porte de la CEEAC, dénonçant une organisation inefficace et politisée ;à Ngong, dans le nord du Cameroun, l’arachide, trésor agricole local, peine à révéler tout son potentiel économique ; et au Kenya, le bitcoin s’invite dans les bidonvilles de Nairobi, offrant une nouvelle voie d’inclusion financière.
Afrique centrale : que cache le départ du Rwanda de la CEEAC ?
Le 8 juin, le Rwanda a annoncé son retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), après 16 ans d’adhésion. Ce choix, motivé par des tensions politiques internes au bloc régional, révèle les difficultés structurelles de cette organisation dont l’intégration économique reste limitée.
Selon Eugène Nyambal, économiste camerounais, « ce qui s’est passé, c’est qu’en raison du conflit entre la RDC et le Rwanda, la RDC a saisi la CEEAC pour demander au Rwanda de cesser de soutenir les rebelles dans l’est du Congo. Et il se trouve que la position de la RDC a connu plus de sympathie de la part des pays membres du bloc. » Le Rwanda, qui espérait prendre la présidence tournante, s’est vu finalement opposer un refus, le mandat du président Obiang Nguema ayant été prolongé.
« Cela a irrité le Rwanda, qui avait déjà exprimé ses inquiétudes sur l’efficacité de la CEEAC », explique Nyambal.
Le consultant rappelle que le Rwanda reproche au bloc une faible performance en matière d’intégration régionale :
« J’ai travaillé sur la CEEAC et, comparée à la CEDEAO ou à la SADC, c’est l’une des régions où l’intégration avance le moins. Le sous-bloc de la CEMAC est mieux structuré, mais au niveau de la CEEAC, le dynamisme est insuffisant. Il manque d’initiatives fortes pour faire avancer l’intégration. »
L’économiste pointe du doigt plusieurs facteurs : « Il y a un problème de volonté politique et de capacités institutionnelles. La CEEAC peine à générer des projets communs, et certains projets financés par des bailleurs de fonds ont pris jusqu’à neuf ans pour être mis en œuvre, alors qu’ils étaient prévus pour trois ou quatre ans. »
Sur l’impact du retrait rwandais, Eugène Nyambal se veut mesuré : « Je ne pense pas que cela crée une onde de choc majeure, car dans cette région, la ‘malédiction des matières premières’ fait que chaque pays peut vivre en grande partie de ses ressources naturelles. Cela limite la nécessité d’une intégration économique forte, contrairement à la CEDEAO ou à l’Afrique de l’Est où les échanges sont essentiels au développement. »
Le départ du Rwanda pourrait néanmoins compliquer l’usage du corridor de Dar-es-Salaam, clé pour l’approvisionnement rwandais, et perturber certains secteurs comme le transport aérien et les télécoms. Plus largement, la CEEAC, dont les échanges intra-régionaux représentent à peine 5 % du commerce africain, voit son rôle remis en cause dans la construction d’un marché régional dynamique.
En conclusion, Eugène Nyambal insiste sur la nécessité pour la CEEAC de se réinventer : « Pour que la région progresse, il faudra surmonter les défis politiques et institutionnels et convaincre les États membres que leur avenir passe par une coopération plus étroite. Sans cela, le bloc restera en marge des grandes dynamiques d’intégration économique en Afrique. »
Kenya : quand le bitcoin s’invite dans les bidonvilles
À Kibera, l’un des plus grands bidonvilles d’Afrique, le bitcoin s’impose peu à peu comme une alternative financière. Grâce à la fintech kényane AfriBit Africa, des résidents non bancarisés reçoivent des subventions et effectuent leurs achats quotidiens en cryptomonnaie. Éboueurs, commerçants, vendeuses de légumes, ils sont déjà des centaines à avoir adopté ce système.
Une révolution inclusive, mais encore fragile face aux défis de la régulation et de l’accès numérique. Dans les ruelles de Kibera, les paiements en bitcoins remplacent peu à peu les espèces. Une initiative qui bouscule les codes et redéfinit l’avenir de la finance populaire.
Cameroun : les arachides de Ngong, une manne sous-exploitée malgré son potentiel
Dans la ville de Ngong, au nord du Cameroun, l’arachide est bien plus qu’une culture : c’est un moteur économique régional. Avec jusqu’à 180 000 tonnes produites par an, ce produit phare alimente les marchés locaux et ceux des pays voisins comme le Nigeria ou le Tchad.
Pourtant, faute de mécanisation et d’un encadrement efficace, une grande partie de la production échappe à l’économie formelle. Une opportunité agricole massive, encore sous-valorisée.
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