France
Mercredi, le tribunal de Paris a condamné Eugène Rwamucyo, un ancien médecin rwandais, à 27 ans de prison pour son rôle dans le génocide de 1994 dans son pays d'origine.
Âgé de 65 ans, Eugène Rwamucyo a été reconnu coupable de "complicité de génocide", de "complicité de crimes contre l'humanité" et d'"entente" en vue de préparer le terrain pour ces crimes. Il a été acquitté des charges de "génocide" et de "crimes contre l'humanité".
Rwamucyo a nié tout acte répréhensible tout au long des quatre semaines de procès.
Trois décennies après le génocide, plusieurs témoins se sont rendus à Paris pour le procès de quatre semaines et ont décrit avec précision les tueries dans la région de Butare, où Rwamucyo se trouvait à l'époque.
Il s'agit du septième procès lié au génocide d'avril 1994 à se tenir à Paris au cours de la dernière décennie. Les massacres ont vu plus de 800 000 Tutsis, membres de la minorité rwandaise, et des Hutus modérés qui tentaient de les protéger, tués par des bandes d'extrémistes hutus soutenus par l'armée et la police.
Angélique Uwamahoro, qui avait 13 ans à l'époque, est venue au tribunal pour "demander justice pour son peuple, qui est mort pour ce qu'il était". Elle a affirmé avoir vu Rwamucyo, qui était le médecin de sa mère, sur les lieux d'un massacre dans un couvent où elle et sa famille avaient trouvé refuge. Parmi les morts figuraient certains membres de sa famille.
Après avoir réussi à s'enfuir, Uwamahoro a déclaré avoir revu Rwamucyo à un barrage routier de la ville de Butare et l'avoir entendu encourager les miliciens à tuer les Tutsis. "Il voulait les inciter à nous tuer, pour que nous n'en sortions pas vivants", a-t-elle déclaré.
D'autres témoins ont décrit des fosses communes et des personnes enterrant des corps, y compris des groupes de prisonniers auxquels l'on avait demandé de faire ce travail. Certains ont déclaré que des blessés avaient été enterrés vivants.
Selon l'accusation, Rwamucyo est accusé d'avoir diffusé de la propagande anti-Tutsi et d'avoir supervisé des opérations d'enterrement de victimes dans des fosses communes. L'ancien médecin a déclaré que son rôle dans les enterrements collectifs n'était motivé que par des considérations "d'hygiène" et a nié que des survivants aient été enterrés vivants.
M. Rwamucyo a été arrêté en 2010 dans la banlieue nord de Paris. Il travaillait alors comme médecin dans un hôpital du nord de la France.
Les policiers français l'ont arrêté alors qu'il assistait aux funérailles de Jean Bosco Baravagwiza, considéré comme l'un des cerveaux du génocide. Ce dernier avait été condamné par le Tribunal pénal international pour le Rwanda en 2003.
En décembre dernier, un autre médecin, Sosthene Munyemana, a été reconnu coupable de génocide, de crimes contre l'humanité et d'aide à la préparation d'un génocide et condamné à 24 ans de prison. Il a fait appel.
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