Egypte
Des milliers de Soudanais ont trouvé refuge à Assouan, en Egypte voisine, contribuant à revitaliser la saison touristique dans cette ville pharaonique du Sud, où ils tentent d'oublier les horreurs de la guerre.
Hicham Ali, 54 ans, est arrivé à Assouan après un périple de mille kilomètres entre Khartoum, la capitale soudanaise en proie aux combats, et la frontière égyptienne au nord.
Après avoir trouvé un appartement pour loger sa famille dans la grande ville du sud égyptien, cet ancien fonctionnaire souhaite désormais que ses enfants profitent de leur nouvelle ville.
_"Je suis venu avec ma famille pour passer ici une belle journée ensemble", d_it-il depuis la terrasse d'une auberge qui, pendant la haute saison touristique en hiver, attire un grand nombre de visiteurs étrangers.
Il espère que cette journée permettra à ses proches d'"oublier la guerre, les bombes, les raids aériens et les tirs", confie-t-il, la voix couverte par les éclats de rire de ses enfants.
Depuis le début de la guerre le 15 avril, opposant deux généraux en lutte pour le pouvoir, plus de 310.000 personnes ont, comme M. Ali, trouvé refuge en Egypte.
De l'autre côté de la frontière, de nombreuses personnes attendent, arrêtées en route par la décision soudaine de l'Egypte en juillet de réimposer des visas à tous les Soudanais fuyant la guerre. Auparavant, les femmes, les enfants et les hommes de plus de 50 ans traversaient sans aucune formalité.
Zeinab Ibrahim, 30 ans, a réussi à traverser il y a trois mois. Avant cela, elle a passé deux mois avec sa famille à se terrer dans leur appartement de Khartoum par crainte des frappes aériennes, des tirs d'artillerie et des combats de rue.
"J'étais enceinte et il n'y avait plus aucun hôpital pour accoucher", affirme-t-elle, alors que des millions de personnes n'ont plus accès aux soins, la guerre ayant gravement endommagé le système de santé soudanais déjà fragile.
Une fois en Egypte, de nombreux réfugiés soudanais ont rejoint Le Caire, tandis que d'autres, comme M. Ali et Mme Ibrahim, sont restés à Assouan, la première grande ville égyptienne en venant du Soudan, à 300 kilomètres de la frontière.
Baignade dans le Nil
Les deux pays voisins partagent la même langue et une grande partie de leur histoire depuis l'époque des pharaons. Avant la guerre, plus de quatre millions de Soudanais vivaient déjà en Egypte, selon l'ONU.
La plupart des nouveaux arrivés aspirent à s'installer durablement en Egypte, loin de leur pays qu'ils n'imaginent pas se relever avant des décennies.
A Assouan, chaque hiver, les habitants voient débarquer des vagues de touristes égyptiens et étrangers venus découvrir les sites pharaoniques extrêmement bien préservés des environs, se prélasser au bord du Nil et profiter des températures clémentes.
Mais ils ne s'attendaient pas à recevoir un tel afflux de réfugiés ni aux opportunités que ces derniers ont apportées.
Début septembre, alors que la chaleur écrasante de l'été avait fait fuir les visiteurs égyptiens, les capitaines de bateaux ont dû reprendre du service. Ils ont levé l'ancre à nouveau pour écumer le Nil sinueux, les enceintes diffusant de la musique à plein volume, entre les îles nubiennes qui parsèment son cours.
Sur une rive sablonneuse où les guides recommandent aux voyageurs de se baigner entre deux gorgées de café nubien, les familles se rafraîchissent volontiers.
Racisme
"Depuis la guerre et l'arrivée de nos frères soudanais, nous avons repris nos activités et nous avons plus de travail", se réjouit Mahmoud al-Aswany, 19 ans, perché sur le pont de la felouque sur laquelle il navigue depuis cinq ans.
Une aubaine dans ce pays qui traverse sa pire crise économique, avec une inflation à son plus haut niveau historique.
Mais tous les Soudanais ne sont pas accueillis de la même manière. Au Caire, ils se plaignent de discriminations, de propriétaires véreux qui gonflent les loyers et de racisme.
A Assouan, où les communautés nubiennes vivent depuis des millénaires à cheval sur la frontière, les Soudanais ont trouvé à leur arrivée des bénévoles qui les attendaient avec des repas chauds.
"Assouan est une belle ville et ses habitants sont gentils", répète à l'envi Hicham Ali.
Mais au-delà des petites initiatives privées, les réfugiés dans le besoin sont souvent livrés à leur sort.
Les autorités égyptiennes n'autorisent pas les agences onusiennes et autres ONG internationales à établir des camps pour accueillir les migrants, Le Caire faisant valoir qu'en échange, les nouveaux arrivants ne sont pas privés du droit de travailler ou de circuler librement.
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