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Egypte : le chercheur Patrick Zaki condamné à 3 ans de prison

Patrick Zaki est un militant des droits de l'Homme égyptien et étudiant à l'université de Bologne en Italie.   -  
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MOHAMED EL-RAAI/

Egypte

Le chercheur Patrick Zaki a été condamné mardi à trois ans de prison pour avoir dénoncé la discrimination anti-chrétiens en Egypte.

Libéré en décembre 2021 après 22 mois en détention préventive, M. Zaki a été arrêté à l'issue de l'audience au tribunal d'urgence de la Sûreté d'Etat à Mansoura, à 130 km au nord du Caire, précise Hossam Bahgat, fondateur de l'Initiative égyptienne pour les droits personnels

Amnesty International a dénoncé "un verdict scandaleux", estimant que "l'image de Patrick traîné hors de la salle d'audience est terrifiante".

Trois figures de l'opposition libérale ont annoncé se retirer du dialogue national, lancé début mai par le pouvoir pour discuter de tous les sujets qui fâchent à moins d'un an d'une élection présidentielle.

Zaki encourait jusqu'à cinq ans de prison pour avoir publié en 2019 un article sur un journal en ligne racontant une semaine de violations des droits des Coptes, la plus importante minorité chrétienne du Moyen-Orient à laquelle appartiennent 10 à 15% des 105 millions d'Egyptiens

L'avocat Negad El Borai a estimé que "la condamnation de Patrick Zaki (...) rend inutile (sa) présence" au dialogue national. "Je m'excuse de cet échec", a-t-il écrit.

"Echec" du dialogue

Sa consoeur Mahienour El-Massry, elle, appelle à un "retrait" de "la farce du dialogue national" pour ne pas "donner aux autorités le bâton pour se faire battre".

Déjà, deux autres figures ont suivi: le politicien de gauche Khaled Dawoud a dit "geler sa participation car on ne peux pas dire qu'on dialogue quand de tels verdicts sont rendus et que les promesses de libérer des détenus dont nous réclamons l'élargissement depuis des années sont bafouées".

De même que l'avocat Ahmed Ragheb, membre de la commission des droits humains du dialogue national, qui a estimé que la sentence à l'encontre de M. Zaki "prouve que notre tentative de participer au dialogue national a échoué". "Donc, je me retire", écrit-il encore.

M. Zaki encourait jusqu'à cinq ans de prison pour avoir publié en 2019 un article sur un journal en ligne racontant une semaine de violations des droits des Coptes, la plus importante minorité chrétienne du Moyen-Orient à laquelle appartiennent 10 à 15% des 105 millions d'Egyptiens.

Spécialiste des questions de genre et chercheur au sein de l'EIPR, M. Zaki avait été arrêté en février 2020 pour "terrorisme" à son retour d'Italie où il étudiait à l'Université de Bologne.

En prison, M. Zaki, dont le Sénat à Rome a voté pour lui accorder la nationalité italienne, a été "frappé et torturé à l'électricité", assurent ses défenseurs.

La Première ministre italienne, d'extrême droite, Giorgia Meloni a affirmé que "notre engagement pour une solution positive au cas de Patrick Zaki ne s'est jamais arrêté, il se poursuit, nous avons encore confiance".

Sous l'autocrate Hosni Moubarak (1981-2011), les libertés étaient restreintes pour les intellectuels, mais elles ont encore diminué depuis l'arrivée au pouvoir d'Abdel Fattah al-Sissi en 2014.

L'Egypte occupe les derniers rangs du classement des libertés universitaires dans le monde établi par l'Academic Freedom index, aux côtés de l'Arabie saoudite, de la Turquie ou de la Chine.

Depuis 2014, les autorités mènent une impitoyable répression contre les universitaires, mais aussi les journalistes, artistes, avocats, syndicalistes et autres militants politiques.

Des centaines d'étudiants et universitaires ont été arrêtés dès 2013, pour leurs idées islamistes, et une douzaine de chercheurs sont en prison pour leur travail, selon l'Association pour la liberté de pensée et d'expression.

"Liberté de culte"

En 2016, l'affaire du jeune chercheur italien Giulio Regeni, retrouvé mort au Caire le corps mutilé, avait créé une onde de choc. Rattaché à l'Université de Cambridge, il travaillait sur les syndicats, sujet très sensible en Egypte.

En 2022, la mort en détention de l'économiste égyptien Ayman Hadhoud, avait également suscité l'ire des Etats-Unis.

Pour Washington, l'Egypte, l'un des pays qui recourt le plus à la peine de mort au monde, viole les droits humains dans tous les domaines: des prisons à la liberté d'expression en passant par les droits LGBT+.

Le Caire, de son côté, promeut sa nouvelle "stratégie des droits humains".

Mardi, les autorités ont publié le "Bulletin trimestriel des droits humains" dans lequel elles affirment notamment avoir légalisé "216 églises et bâtiments affiliés" ces trois derniers mois pour promouvoir "la liberté de culte".

M. Sissi a été le premier à nommer un Copte à la tête de la Cour constitutionnelle et il est le premier président à assister chaque année à la messe de Noël alors que ses prédécesseurs se contentaient d'y envoyer des représentants.

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