Algérie
La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, et plusieurs ministres sont arrivés dimanche en Algérie pour une visite officielle, avec au programme des réunions avec des hauts responsables du premier exportateur gazier d'Afrique.
Le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane a accueilli Giorgia Meloni à l'aéroport d'Alger pour le début de cette "visite de travail amicale", selon son bureau. La télévision publique algérienne a annoncé l'arrivée de la Première ministre italienne, sans photos ni fanfare.
Comme tous les visiteurs de haut rang, Giorgia Meloni s'est d'abord arrêtée pour déposer une gerbe au Monument des martyrs. Ce monument, situé au sommet d'une colline surplombant la capitale, commémore les Algériens qui sont morts pour obtenir l'indépendance vis-à-vis de la France en 1962.
Giorgia Meloni est la dernière dirigeante européenne en date à se rendre en Algérie depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, qui a donné lieu à des sanctions internationales contre Moscou et des réductions de l'approvisionnement en gaz russe ayant fait grimper les prix.
Production pétrolière
C'est dans ce contexte que le prédécesseur de Mme Meloni, Mario Draghi, a conclu en juillet une série d'accords avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Parmi ces accords, figurait un gros contrat de partage de production pétrolière et gazière d'un montant de quatre milliards de dollars entre l'Algérie et des entreprises du secteur énergétique, dont le géant italien ENI, avec pour objectif de réduire la dépendance de l'Italie des livraisons russes.
Un responsable algérien avait dans la foulée déclaré que son pays allait également augmenter ses exportations de gaz vers l'Italie. Mme Meloni doit rencontrer M. Tebboune lundi, selon l'agence de presse italienne ANSA. Les deux dirigeants se sont rencontrés pour la dernière fois en novembre en marge d'une conférence sur le climat à Charm el-Cheikh, la station balnéaire égyptienne.
Invasion de l'Ukraine
Avant l'invasion de l'Ukraine, l'Italie importait 95% du gaz qu'elle consommait, dont environ 40% provenaient de Russie. Pour réduire cette dépendance, Rome se tourne de plus en plus vers l'Algérie, historiquement son deuxième plus grand fournisseur.
L'Italie et l'Algérie veulent s'appuyer sur les initiatives réussies de l'ancien Premier ministre Mario Draghi, l'année dernière, pour stimuler les fournitures d'énergie algérienne à l'Italie et, selon un diplomate algérien, "aller au-delà."
"Nous voulons que l'Italie devienne une plaque tournante européenne pour le gaz algérien. Une jonction pour les autres pays de l'UE", a déclaré l'ambassadeur d'Algérie à Rome, Abdelkrim Touahria, dans une interview au quotidien romain Il Messaggero, publiée samedi.
Axe Alger-Rome
Un premier accord conclu l'an dernier par Mario Draghi prévoyait l'envoi de 9 milliards de mètres cubes de gaz d'ici 2023-2024 via le gazoduc trans-méditerranéen. Quelques mois plus tard, en juillet, un accord de 4 milliards de dollars a été conclu entre les sociétés ENI, l'entreprise énergétique italienne, Occidental et Total.
ENI, présente en Algérie depuis 1981, gère, avec le géant algérien des hydrocarbures Sonatrach, le gazoduc TransMed qui relie le pays à l'Italie, via la Tunisie.
La visite de Mme Meloni à Alger est la troisième en moins d'un an d'un Premier ministre italien, mais elle est beaucoup plus discrète que celle de son prédécesseur. L'agence de presse officielle algérienne APS l'a décrite comme "une occasion de renforcer l'axe Alger-Rome" et une nouvelle étape "pour consolider la construction d'un véritable partenariat stratégique."
M. Touahria, ambassadeur d'Alger à Rome, a déclaré qu'ENI et Sonatrach envisagent également ensemble l'avenir avec des projets tels que l'exploration pétrolière et gazière dans le sud du Sahara.
Immigration
La coalition dirigée par l'extrême droite de Giorgia Meloni a remporté les élections nationales de septembre, et il était probable que les questions d'immigration et de migrants, chères à l'extrême droite européenne, soient également un sujet de discussion lors de son voyage.
L'Italie est un pôle d'attraction pour les migrants fuyant la pauvreté, la guerre et d'autres malheurs dans leur pays d'origine, et les Nord-Africains, souvent originaires de Tunisie et d'Algérie, en font partie.
Les fonctionnaires consulaires italiens à Rome tentent régulièrement d'identifier les migrants illégaux supposés être Algériens détenus en Sardaigne et dans le sud de l'Italie, a déclaré Touahria, cité par l'agence de presse officielle algérienne APS.
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