Maroc
Un militant marocain, Rabie Al Ablaq, a été condamné lundi à quatre ans de prison ferme pour "offense" envers le roi Mohammed VI sur les réseaux sociaux.
"Le tribunal de première instance d'Al Hoceima (nord) a condamné Rabie Al Ablaq à quatre ans de prison ferme pour offense envers la personne du roi par voie électronique", a déclaré à l'AFP son avocat Abdelmajid Azaryah.
Ce militant et journaliste citoyen de 35 ans devra également s'acquitter d'une amende de 20 000 dirhams (1 900 euros). Son avocat a annoncé son intention de faire appel. Rabie Al Ablaq a comparu libre devant le tribunal d'Al Hoceima, où son procès s'était ouvert le 11 avril.
L'accusé était poursuivi pour avoir publié "des vidéos critiquant les disparités sociales et la corruption", selon son avocat. "J'ai été choqué par ce verdict car il n'a fait qu'exprimer son opinion. J'estime qu'il n'a pas porté atteinte à l'institution (royale)."
"Critique pacifique"
Selon Human Right Watch (HRW), l'inculpation a découlé de deux vidéos, publiées sur Facebook et YouTube en septembre et novembre, dans lesquelles Rabie Al Ablaq "s’adressait au roi sur un ton familier et soulignait le contraste entre sa richesse personnelle et la pauvreté largement répandue au Maroc".
"Pénaliser la critique pacifique des tenants du pouvoir constitue une violation manifeste du droit à la liberté d’expression", a souligné l'ONG de défense des droits humains dans un récent communiqué, en appelant à l'abandon des poursuites contre le militant.
Publications critiques
En 2018, Rabie Al Ablaq avait été incarcéré puis condamné à cinq ans de prison pour sa participation au mouvement de contestation ayant agité en 2016-2017 la région marocaine du Rif (nord) avant d'être gracié par le roi en 2020.
Une autre militante marocaine des droits humains, Saïda El Alami, 48 ans, qui postait régulièrement des publications critiques à l'encontre des autorités sur les réseaux sociaux, a été arrêtée le 23 mars et est poursuivie pour "outrage envers des fonctionnaires publics dans l'exercice de leurs fonctions", "atteinte à la justice" et "diffusion de fausses allégations".
Le verdict est attendu vendredi.
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