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Libye : le Parlement nomme Fathi Bachagha au poste de Premier ministre

Libye : le Parlement nomme Fathi Bachagha au poste de Premier ministre
Un extrait d'une vidéo publiée par la Chambre des représentants libyenne montre le Parlement en session dans la ville de Tobrouk, dans l'est du pays, le 10 février 2022   -  
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-/AFP

Libye

Le Parlement en Libye a désigné jeudi l'influent ex-ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha pour remplacer Abdelhamid Dbeibah à la tête du gouvernement, lors d'un vote controversé susceptible d’exacerber les luttes de pouvoir dans ce pays miné par les crises.

Ces dernières semaines, Abdelhamid Dbeibah, basé dans la capitale Tripoli (ouest), a pourtant fait savoir qu'il ne céderait le pouvoir qu'à un gouvernement sorti des urnes, critiquant les intentions du Parlement. Et dans la nuit de mercredi à jeudi, son véhicule a essuyé des tirs à Tripoli, ont rapporté des médias locaux sans préciser si le Premier ministre se trouvait à bord. Aucune confirmation n'a pu être obtenue de source officielle au sujet de ces tirs.

"Le Parlement vote à l'unanimité la confiance à Fathi Bachagha comme chef du gouvernement", a indiqué le porte-parole du Parlement, Abdallah Bliheq à l'issue d'une séance dans la ville de Tobrouk (est). Le Parlement avait retenu, après un appel à candidatures, deux prétendants sur un total de sept : Fathi Bachagha, 59 ans, et l'outsider Khaled Al-Bibass, 51 ans, un ancien haut fonctionnaire au même ministère.

Avant de faire procéder au vote, le président du Parlement Aguila Saleh, l'un des principaux rivaux du gouvernement Dbeibah, a affirmé que Khaled Al-Bibass avait retiré sa candidature, laissant Fathi Bachagha seul en lice. La séance était retransmise en directe avant d'être interrompue au moment du vote. Cité par des médias libyens, Khlaed Al-Bibass a démenti avoir retiré sa candidature.

Soutien des groupes armés

Fathi Bachagha et Abdelhamid Dbeibah, tous deux originaires de l'ouest du pays, disposent chacun du soutien de groupes armés en Tripolitaine. Les deux hommes politiques, qui entretiennent une âpre rivalité, étaient aussi candidats à l'élection présidentielle qui était prévue en décembre avant d'être reportée sine die. 

"Je n'accepterais aucune nouvelle phase de transition ou autorité parallèle", a averti Abdelhamid Dbeibah mardi dans un discours télévisé, en affirmant que son gouvernement intérimaire ne remettrait le pouvoir qu'à "un gouvernement élu".

Au début de la séance à Tobrouk, le Parlement a adopté un nouvel amendement à la Déclaration constitutionnelle, qui fait office depuis 2011 de Constitution provisoire, dans le but de faire amender certains articles par un comité ad hoc. Il a aussi voté pour prolonger de 14 mois son mandat qui a théoriquement expiré en décembre.

Crise politique

La Libye s'est enlisée dans une crise politique majeure après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 avec des rivalités entre les principales régions, les luttes de pouvoir et les ingérences étrangères.

Après des années de conflits armés et de divisions entre l'Est et l'Ouest, le gouvernement Dbeibah a été mis sur pied il y a un an, sous l'égide de l'ONU, pour mener la transition jusqu'aux élections finalement reportées.

Les désaccords persistent entre un pouvoir à l'Est incarné par le Parlement et le maréchal Khalifa Haftar, et un autre à l'Ouest autour du gouvernement de Tripoli et le Haut Conseil d'État. Le Parlement basé à Tobrouk estime que le mandat de l'exécutif a expiré avec le report des élections.

La chambre des représentants est considérée comme la chasse gardée de son président Aguila Saleh, un cacique de l'Est. Il est accusé d'avoir enfreint toutes les procédures pour faire nommer Fathi Bachagha. Il avait déjà été accusé d'avoir fait dérailler le processus politique, en promulguant en septembre, sans vote, une loi électorale controversée taillée sur mesure pour son allié Khalifa Haftar.

"Nombreux voient les événements d'aujourd'hui en Libye - où un nouveau Premier ministre a été fabriqué pour tenter de consolider certaines factions politiques - comme un fait accompli. Il s'agit en fait d'un jeu de confiance qui se déroule depuis déjà un certain temps et qui a pour seul but de dévoyer les efforts en faveur du processus électoral", a commenté du Twitter Tarek Megrisi, analyste au Conseil européen des relations internationales.

La démarche du Parlement risque de voir à nouveau le pays dirigé par deux gouvernements parallèles, comme ce fut le cas en 2014, en pleine guerre civile.

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