Guinée équatoriale
Le parti au pouvoir en Guinée équatoriale a créé la surprise en ne choisissant pas lors de son Congrès son candidat à la présidentielle de 2023, une première dans ce pays dirigé depuis 42 ans d'une main de fer par son président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
Le Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), parti unique jusqu'en 1991, quand le pouvoir a toléré des petits mouvements satellites ou "d'opposition", tenait son VIIe Congrès de lundi à mercredi à Bata, la capitale économique. C'est d'ordinaire l'occasion pour le parti de désigner son candidat pour un mandat de sept ans à la tête du pays.
Mais à la surprise générale, dans une soirée qui s'est prolongée jusque tard dans la nuit, aucune annonce de cette nature n'a été faite.
M. Obiang, qui a pris le pouvoir par un coup d'Etat en 1979, est en très net retrait de la scène politique depuis quelques mois au profit de son fils Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé Teodorin, 53 ans. Ce dernier est présenté de longue date comme son dauphin, vice-président de la République et vice-président du PDGE, omniprésent en public récemment.
Il y a encore quelques semaines, ce jet-setteur revendiqué et affiché sur les réseaux sociaux, à la réputation sulfureuse, condamné en France dans le cadre de l'affaire des "biens mal acquis", paraissait devoir être désigné à sa place.
Mais des caciques du régime tels que Agustin Nze Nfumu, l'un des cinq vice-présidents du PDGE, avaient présenté l'actuel président comme "l'homme de la situation", laissant entendre qu'il allait poursuivre sa fonction à la tête de l'Etat.
- "Candidat naturel" -
"Mieux vaut un ami bien connu qu'un nouvel ami à connaître", a lancé lundi le vieux chef de l'Etat à ses partisans lors de l'ouverture du Congrès, sans donner plus de précisions. M. Obiang détient, avec 42 années, le record mondial de longévité d'un chef d'Etat encore vivant à la tête d'un pays, hors monarchies.
"L'issue naturelle de ce congrès est de maintenir le statu quo avec Teodoro Obiang candidat à un nouveau mandat", avait prédit à l'AFP juste avant le Congrès Ana Lucia Sa, professeur de sciences politiques à l'université de Lisbonne, spécialiste de la Guinée équatoriale. "Mais il y a de plus en plus de tensions au sein de l'élite dirigeante pour préparer l'après-Teodoro", avait-elle analysé.
Pour les militants qui sortaient du Palais des Congrès, l'actuel chef de l'Etat fait toujours figure de candidat naturel à sa succession. "Le fait que le fils ne soit pas designé candidat par le Congrès dit tout simplement que c'est la personne qui est en place qui demeure", a ainsi assuré à l'AFP un cacique du régime. "Le président fondateur est le candidat naturel du PDGE aux elections", a-t-il ajouté.
En Guinée équatoriale, riche en gaz et pétrole, la grande majorité des 1,3 million d'habitants vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. De nombreux débats lors du Congrès ont tourné autour de la crise économique et de la pandémie de Covid-19.
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