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Ethiopie : 9 groupes rebelles s'allient contre le gouvernement

Ethiopie : 9 groupes rebelles s'allient contre le gouvernement
Neuf factions opposées à Abiy Ahmed formant un "Front uni des forces fédéralistes et confédéralistes éthiopiennes" au National Press Club à Washington, DC, le 5/11/2021   -  
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OLIVIER DOULIERY/AFP or licensors

Ethiopie

Neuf groupes rebelles d'Ethiopie, dont les Tigréens du TPLF, ont annoncé vendredi faire alliance contre le gouvernement fédéral d'Abiy Ahmed, sous pression croissante ces derniers jours après une avancée des combattants pro-TPLF qui menacent de marcher sur la capitale.

Le gouvernement fédéral dirigé par le Premier ministre Abiy Ahmed est en guerre depuis plus d'un an dans le nord du pays contre les combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui ont ces derniers mois progressé au-delà de leur région, notamment dans la région voisine de l'Amhara.

Ils ont affirmé mercredi avoir atteint la localité amhara de Kemissie, à 325 km au nord de la capitale, où ils ont rejoint des combattants de l'Armée de libération oromo (OLA), groupe armé de l'ethnie oromo avec lequel ils ont conclu une alliance dès août. Les deux groupes n'ont pas exclu de marcher sur la capitale pour faire chuter Abiy Ahmed.

Vendredi, le TPLF et l'OLA ont annoncé s'unir contre le gouvernement avec sept autres organisations moins connues et à l'envergure incertaine. Il s'agit de groupes issus de diverses régions (Gambella, Afar, Somali et Benishangul) ou ethnies (Agew, Qemant, Sidama) qui constituent l'Ethiopie.

Impact sur le conflit

Cette alliance, baptisée "Front uni des forces fédéralistes et confédéralistes éthiopiennes", est formée "en réponse aux nombreuses crises auxquelles fait face le pays" et "pour annuler les effets néfastes du pouvoir d'Abiy Ahmed sur les populations d'Ethiopie et d'ailleurs", ont-elle affirmé dans un communiqué. Elles estiment "nécessaire" de "travailler ensemble et joindre leur forces vers une transition" en Ethiopie.

L'impact sur le conflit de cette alliance reste incertain."S'ils sont vraiment sérieux dans leur détermination à prendre les armes contre le gouvernement, c'est potentiellement un vrai problème" pour Abiy Ahmed, a déclaré à l'AFP un diplomate connaisseur des questions de sécurité, tout en concédant ne pas connaître la plupart de ces groupes, leurs effectifs et leurs ressources.

Cette nouvelle alliance semble manifester une volonté du TPLF de montrer qu'il dispose d'un soutien au-delà du Tigré. Le TPLF avait déjà mis en place une coalition avec d'autres groupes ethniques et géographiques à la fin des années 1980, avant de renverser l'autocrate Mengistu Haïlémariam en 1991.

Cette coalition du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), largement dominée par le TPLF, avait ensuite dirigé le pays pendant près de 30 ans, avant un mouvement de contestation qui a mené Ahmed Abiy au pouvoir. Devenu Premier ministre, Abiy Ahmed a progressivement écarté le TPLF du pouvoir à Addis Abeba.

Avancée rebelle

Le gouvernement a démenti ces derniers jours toute avancée rebelle majeure, assurant qu'il gagnera cette "guerre existentielle". Vendredi, le ministère de la Défense a appelé les retraités de l'armée à se réengager "pour protéger le pays du complot visant à le désintégrer". L'état d'urgence a été déclaré mardi pour six mois sur l'ensemble du territoire, permettant aux autorités de détenir sans mandat toute personne soupçonnée de soutenir des "groupes terroristes" ou de suspendre les médias qui "apportent un soutien moral directement ou indirectement" au TPLF.

Amnesty International a critiqué vendredi ces mesures, qui constituent un "plan d'escalade des violations des droits humains (...), notamment contre les défenseurs des droits humains, les journalistes, les minorités et les critiques du gouvernement", selon son directeur pour l'Afrique de l'Est, Deprose Muchena.

Discours de haine

Des avocats ont indiqué que des milliers de Tigréens avaient été arrêtés depuis l'annonce de l'état d'urgence. Amnesty a également mis en garde contre la recrudescence des discours de haine sur les réseaux sociaux, notamment de messages "incitant à la violence et utilisant des insultes ethniques contre les Tigréens".

Déclenché en novembre 2020, le conflit au Tigré connaît un spectaculaire revirement ces derniers mois. Prix Nobel de la paix 2019, Abiy Ahmed avait proclamé la victoire le 28 novembre après avoir envoyé l'armée dans la région pour destituer les autorités régionales issues du TPLF, qui défiait depuis des mois l'autorité du gouvernement fédéral et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires fédérales.

Mais en juin, les combattants partisans du TPLF ont repris l'essentiel de la région et poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara.

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