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Somalie : l'escalade entre le Président et le Premier ministre se poursuit

Le président somalien Mohamed Abdullahi Farmajo célèbre sa victoire aux élections et sa prise de fonction à Mogadiscio, en Somalie, le 8 février 2017.   -  
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Farah Abdi Warsameh/Copyright 2017 The Associated Press. All rights reserved.

Somalie

L'escalade au sommet du pouvoir en Somalie a franchi un cap supplémentaire jeudi, avec une nouvelle confrontation entre le Premier ministre et le président sur le limogeage du ministre de la Sécurité.

Cette crise qui s'est exacerbée depuis le week-end dernier entre le chef de l'Etat Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, et son Premier ministre Mohamed Roble a plongé dans la tension ce pays de la Corne de l'Afrique, déjà confronté à une impasse électorale et à une insurrection jihadiste.

Dans la soirée de mercredi, le Premier ministre Mohamed Roble a annoncé le limogeage du ministre de la Sécurité, remplacé par un critique de Farmajo.

Bien que dénoncée comme invalide constitutionnellement par le chef de l'Etat, M. Roble a assisté jeudi à la prise de fonction du nouveau ministre.

Le président du Parlement, Mohamed Mursal, a également estimé dans un communiqué que cette nomination était "en violation" de la séparation des pouvoirs et appelé le Premier ministre à "prêter une attention particulière à la stabilité politique et à l'ordre public" dans le pays.

Il s'agit la deuxième confrontation en quelques jours entre Farmajo et M. Roble au sujet de limogeages et nominations au sein de l'appareil sécuritaire.

Dimanche, Mohamed Roble avait limogé le chef de l'Agence des services de renseignements et de sécurité (Nisa) Fahad Yasin, un intime de Farmajo, pour sa gestion de l'enquête sur la disparition d'une de ses agentes, Ikran Tahlil.

Mais Farmajo a annulé lundi cette décision "illégale et inconstitutionnelle", puis nommé un remplaçant de son choix à la tête de la Nisa après avoir promu Fahad Yasin comme conseiller à la sécurité nationale.

M. Roble a accusé mercredi Farmajo d'"entraver" l'enquête sur la disparition de l'agente, jugeant que ses décisions constituaient une "menace existentielle dangereuse" pour le pays.

- "Ne pas créer la peur" -

Une certaine tension s'est emparée ces derniers jours de la capitale Mogadiscio.

Une unité étroitement liée à la présidence a été vue gardant les bâtiments de la Nisa.

Le chef de la police, le général Abdi Hassan Mohamed Hijar, a assuré jeudi que la situation restait calme et "sous contrôle".

"Ce sont notre pays et notre sécurité qui comptent, ce sont les élections et notre unité qui comptent. Nous ne voulons pas créer la peur et les gens ne doivent pas paniquer, nos forces de sécurité sont capables d'assurer la stabilité dans le pays", a-t-il déclaré.

Des journalistes de plusieurs médias d'Etat ont par ailleurs déclaré à l'AFP avoir reçu l'ordre de ne pas diffuser les communications de Farmajo.

"Le ministre nous a dit de cesser de rendre compte des affaires du bureau du président liées au conflit politique", a déclaré à l'AFP un employé du ministère de l'Information, sous couvert d'anonymat.

Cette escalade inquiète la communauté internationale, moins de cinq mois après les derniers affrontements armés à Mogadiscio.

Dans un communiqué commun mardi, l'ONU, les Etats-Unis, l'UE et l'organisation est-africaine Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement) ont "exhorté les dirigeants somaliens à désamorcer la confrontation politique", appelant notamment à "l'achèvement du processus électoral sans plus tarder."

- Processus électoral menacé -

L'annonce mi-avril de la prolongation pour deux ans du mandat de Farmajo, arrivé à expiration en février sans que de nouvelles élections aient pu être organisées, avait déclenché des affrontements armés dans la capitale, ravivant le souvenir des décennies de guerre civile qui ont ravagé le pays après 1991.

Dans un geste d'apaisement, Farmajo avait chargé M. Roble, son Premier ministre depuis 2020, d'organiser les élections.

Ce dernier est parvenu à un accord sur un calendrier électoral, avec pour horizon une élection du président le 10 octobre.

Ce calendrier a déjà pris du retard. La désignation des membres de la Chambre basse, dernière étape avant l'élection du chef de l'Etat selon le complexe système électoral indirect somalien, doit désormais se tenir entre le 1er octobre et le 25 novembre.

Le processus électoral apparaît aujourd'hui de plus en menacé. Mohamed Roble a déjà accusé Farmajo de vouloir récupérer "les responsabilités électorales et sécuritaires" qu'il lui avait confiées.

De nombreux observateurs estiment que l'impasse électorale a détourné l'attention d'autres sujets cruciaux pour la Somalie, notamment l'insurrection djihadiste shebab.

Evincés de Mogadiscio en 2011, les shebab contrôlent toujours de vastes zones rurales du pays et mènent régulièrement des attentats dans la capitale.

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