Tanzanie
La police anti-émeute tanzanienne a interpellé jeudi plusieurs partisans du leader de l'opposition Freedom Mbowe devant un tribunal de Dar es Salaam où une audience pour "terrorisme" contre lui a été reportée à vendredi.
Président du principal parti d'opposition, le Chadema, Freeman Mbowe, a été arrêté fin juillet avec d'autres figures de cette formation à Mwanza, une ville du nord-ouest où ils prévoyaient un rassemblement pour demander des réformes constitutionnelles. Fin juillet, un tribunal tanzanien a décidé de poursuivre Freeman Mbowe, âgé de 59 ans, pour "financement du terrorisme" et "complot terroriste" - des infractions qui ne permettent pas de libération sous caution.
Le raid de la police et les accusations de "terrorisme" contre Freeman Mbowe, rappelant les méthodes musclées de l'ancien président John Magufuli décédé en mars, ont suscité l'inquiétude des ONG de défense des droits de l'Homme et des chancelleries occidentales. Washington a exhorté la nouvelle présidente Samia Suluhu Hassan, qui a pris ses fonctions en mars à la suite du décès de John Magufuli, à garantir les libertés de tous les Tanzaniens.
Freeman Mbowe devait comparaître jeudi devant la justice via une liaison vidéo, mais l'affaire a été reportée à vendredi en raison de problèmes de connexion, a déclaré son avocat, Me Peter Kibatala. Des partisans de Chadema ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire : "Mbowe n'est pas un terroriste", après s'être rassemblés devant le tribunal.
La police a procédé à des arrestations, a indiqué le Chadema sur Twitter. Des images montraient des policiers casqués en train de rassembler des personnes dans une camionnette avant de les emmener. Le nombre de personnes interpellées n'a pas été divulgué dans l'immédiat. Chadema a également déclaré que la police avait perquisitionné son bureau régional dans la capitale Dodoma mercredi soir et agressé un garde avant de s'enfuir avec des documents.
Le secrétaire général du parti, John Mnyika, a exhorté les sympathisants de cette formation à se présenter de nouveau vendredi devant le tribunal de Dar es Salaam. "Aller devant un tribunal n'est pas une infraction pénale", a-t-il déclaré sur Twitter. L'avocat de Freeman Mbowe a indiqué à l'AFP qu'il était "attristé par l'usage massive de la force" contre les manifestants. "Ils étaient tous très pacifiques. Ils exprimaient leur solidarité et leur soutien".
L'avocat a ajouté que les poursuites à l'encontre de son client "n'ont pas de base juridique". Elles sont "opportunistes et probablement motivées politiquement", a-t-il estimé. Le parquet tanzanien a affirmé que les accusations de "terrorisme" contre Freeman Mbowe n'étaient pas liées à ses activités prévues à Mwanza, mais à des infractions présumées survenues l'année dernière dans une autre partie de la Tanzanie.
De son côté, Amnesty International s'est jointe aux appels réclamant la libération de Freedom Mbowe, affirmant que le gouvernement doit étayer les charges retenues contre lui. "Depuis l'investiture de la présidente Samia Suluhu Hassan, le gouvernement tanzanien a pris des mesures encourageantes pour permettre une plus grande liberté d'expression et d'association dans le pays", a déclaré Amnesty dans un communiqué publié mercredi. Amnesty souligne toutefois que "cette affaire est une évolution préoccupante qui jette le doute sur la poursuite de ces progrès ou sur une répression à nouveau à l'ordre du jour."
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