Bénin
L'opposant béninois Joël Aïvo, arrêté au lendemain de l'élection présidentielle d'avril, sera maintenu en détention et son affaire renvoyée en instruction pour blanchiment et atteinte à la sureté de l’Etat, selon son avocat.
"Mon client Joël Aïvo et ses co-accusés resteront en prison", a déclaré jeudi à l’AFP, Me Robert Dossou, avocat du constitutionnaliste béninois âgé de 48 ans. Ce professeur agrégé de droit, dont la candidature à la présidentielle du 11 avril avait été invalidée, est accusé de "blanchiment de capitaux" et d'"atteinte à la sûreté de l'Etat".
Joël Aivo devait initialement être jugé devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) mais lors de la deuxième audience qui s'est tenue jeudi, celle-ci s'est déclarée incompétente sur l’affaire. "La Cour a constaté que l’une des infractions est d’ordre criminel et s’est déclarée incompétente", a expliqué Me Dossou.
A l'ouverture de son procès mi-juillet, le parquet avait demandé à ce que la Criet se dessaisisse du dossier au profit d'un juge d'instruction. Selon l'avocat de la défense, Joël Aïvo restera en prison le temps de l’instruction. Me Dossou a aussi indiqué que "son client ne fera pas appel", souhaitant que "l’instruction se déroule assez vite".
"C’est triste (…) Je me demande si nous avons encore une justice dans ce pays", s’est désolé Ariel Atindéhou, doctorant en droit, venu assister à l'audience. Joël Aïvo avait été arrêté le 15 avril à Porto-Novo, au lendemain de l'annonce de la réélection du président Patrice Talon avec plus de 86% des voix, puis avait été mis en examen et incarcéré.
Tournant autoritaire
Quelques jours avant son procès, un autre de ses avocats, Ludovic Hennebel, avait affirmé à l'AFP que Joël Aïvo était "détenu arbitrairement (...) pour le punir d'avoir exprimé une dissidence politique". Selon ses avocats, "toutes les garanties d'un procès équitable et les droits de la défense sont systématiquement bafoués" depuis le début de la procédure.
La Criet, mise en place en 2016 par le pouvoir, est accusée par ses détracteurs de servir d'instrument judiciaire pour museler l'opposition. Patrice Talon, richissime homme d'affaires ayant fait fortune dans le coton, élu une première fois en 2016, est accusé par ses détracteurs d'avoir engagé le Bénin dans un tournant autoritaire.
Les principales figures de l'opposition au Bénin sont pour la plupart en exil - d'autres étant également emprisonnées.
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