Maroc
Le Premier ministre marocain Saad-Eddine El Othmani promet des sanctions après la mort de 28 personnes dans l’inondation d’un atelier textile clandestin à Tanger.
Ce lundi, 28 corps, pour la plupart des femmes, ont été extraits du sous-sol d’une maison inondée après des pluies torrentielles, selon un communiqué officiel. "Les responsabilités seront déterminées et les sanctions nécessaires prises (...) cela ne peut pas passer sans suite", a assuré le Premier ministre, Saad-Eddine El Othmani, dans un message de condoléances sur sa page Facebook. Les députés marocains ont observé une minute de silence à la mémoire de ces martyrs de l’économie informelle.
"Les eaux ont subitement submergé l'espace confiné, les victimes se sont retrouvées coincées sans aucune issue de secours" et sont "mortes noyées", a déclaré Abderrahim Kabajj, le commandant régional de la protection civile dans un reportage de la chaîne publique 2M. Pour les médias locaux, ce drame repose la question du respect du droit de travail dans un pays ou plus de la moitié de la production textile provient d’ateliers clandestins.
L’Observatoire des Droits humains déplore pour sa le manque de respect aux normes de sécurité dans ces ateliers illégaux. "Cet atelier existait depuis plus dix ans avec un raccordement électrique de haut voltage exigeant une attestation officielle", déclare Mohamed Benaissa, le président de organisation non-gouvernementale.
Secteur stratégique
Une étude du Bureau international du Travail datant du début des années 2000 évoquait déjà la "précarité des emplois" dans un système de sous-traitance marqué par une "protection sociale insuffisante", des "conditions de travail défaillantes", des salaires "souvent inférieurs au salaire minimum légal". Ce secteur stratégique représente toutefois plus du quart des emplois industriels au Maroc - dont environ 200 000 dans le secteur informel - et pèse dans les exportations du royaume, selon les chiffres officiels.
Au fil des ans, de nombreux rapports ont noté "l'insuffisance des dispositifs de contrôle et de conformité aux normes" dans l'industrie textile. Une étude publiée en 2019 par deux chercheurs de l'université Ibn Tofail souligne ainsi l'importance de la "lutte contre la corruption" et de la "bonne gouvernance" face à une "mise en place fragmentaire des lois et des politiques".
Développé dans les années 1980, le secteur textile marocain souffre depuis plusieurs années de la concurrence des pays asiatiques, notamment la Chine, et de la Turquie. Sa part de marché dans l'Union européenne, son premier débouché, a chuté d'environ 3% en 2019 à quelque trois milliards d'euros, selon les chiffres officiels. Et la situation s'est encore détériorée en 2020 avec la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus, malgré les efforts de reconversion rapide vers la production de masques sanitaires.
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