Algérie
Lundi, Ammar Belhimer, porte-parole du gouvernement algérien a de nouveau réclamé "la reconnaissance des crimes coloniaux de la France".
Une réponse claire à la publication du rapport de l’historien Benjamin Stora sur la réconciliation mémorielle entre les deux pays.
Interrogé par le journal gouvernemental arabophone El Massa, Mr Belhimer a déclaré que "la résistance de la France à ne pas reconnaître ses crimes a ses raisons. Elles sont connues de ceux qui ont la nostalgie du passé colonial et l'illusion de l'Algérie française".
En juillet dernier, M. Belhimer a salué la remise par Paris des restes de 24 résistants algériens tués au début de la colonisation française au XIXe siècle, en juillet dernier, mais il estime que "l'accomplissement moral le plus important est la reconnaissance des crimes coloniaux de la France".
Le rapport de l’historien français Benjamin Stora sur « les mémoires de la colonisation et de la guerre en Algérie » a définitivement rouvert de nouvelles plaies.
Remis au président de la République française Emmanuel Macron le mercredi 20 janvier 2021, le document de l’historien atteste des progrès de la France sur l’ouverture du débat sur la question du passé colonial.
Mais si les progrès de l’ancien empire sont reconnaissables, ce rapport ravive les débats du côté du premier concerné : l’Algérie.
Une paix des mémoires qui doit prendre le temps
Sur la rive sud de la Méditerranée, le gouvernement algérien a donc réagi (de façon indirecte) aux termes du rapport ainsi qu’aux propos tenus par le gouvernement français dans les jours qui ont suivi la délivrance du rapport.
L’Elysée avait en effet précisé qu’« aucune repentance ou excuse » ne seraient faites mais que les Algériens devaient s’attendre à seuls des « actes symboliques ».
Le pardon n’est donc pas d’actualité.
Spécialiste reconnu de l'histoire contemporaine de l'Algérie, Benjamin Stora a été chargé en juillet par le président Emmanuel Macron de "dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie".
C'est la première fois qu'un membre du gouvernement algérien réagit -- même de façon indirecte -- aux préconisations de l'historien français, publiées le 20 janvier.
Ni le président Abdelmadjid Tebboune, soigné en Allemagne pour des "complications" post-Covid, ni le directeur des archives nationales Abdelmadjid Chikhi, chargé d'un travail parallèle sur la question mémorielle, ni le ministre des Anciens combattants ne se sont encore exprimés sur le sujet.
En revanche, la puissante Organisation officielle des moudjahidine, les anciens combattants de la guerre d'indépendance, a rejeté le document qui "a omis d'aborder (...) les différents crimes coloniaux perpétrés par l'Etat français".
Le rapport de l'historien français continue de soulever une avalanche de critiques, aussi bien en Algérie qu'en France, notamment pour ne pas avoir préconisé des "excuses" de Paris.
Dans un entretien dimanche avec un quotidien algérien L'Expression, M. Stora s'est défendu d'être opposé à "la présentation d'excuses de la France à l'Algérie pour les massacres commis" pendant la période coloniale.
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