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Des réfugiés érythréens en Ethiopie craignent pour leur sécurité

Des réfugiés érythréens lors d'une distribution d'articles organisée au camp de réfugiés de Mai Aini, en Ethiopie, le 30 janvier 2021   -  
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AFP

Erythrée

Près de 100 000 Érythréens ont traversé la fronitre avec l'Ethiopie pour échapper à la répression. Ils vivent dans des camps mis à leur disposition par le pays d’accueil au Tigré. Depuis le déclenchement des hostilités dans cette région séparatiste, les réfugiés des camps Hitsats et Shimelba craignent pour leur sécurité.

Ils ont survécu à des batailles sanglantes, des tentatives d'enlèvement et à de pénibles journées de marche vers un peu plus de sécurité, avec rien d'autre pour remplir leur estomac que quelques feuilles de plantes locales. Mais les Érythréens réfugiés en Ethiopie craignent que leur calvaire n'est pas terminé, l'opération militaire lancée par le Premier ministre Abiy Ahmed les ayant rendus plus vulnérables que jamais.

"Comment puis-je me sentir en sécurité ici ? Il n'y a pas de sécurité ici. il y a beaucoup de milices autour du camp. Si quelqu'un sort, ils sont là et ils le tuent, ils nous tuent. Des femmes sont violées par la population locale juste à cause de cette guerre parce qu'elles croient que nos soldats, nos soldats érythréens sont en train de tuer leurs frères. Les soldats tigréens y croient, alors ils violent nos sœurs, nos mères, et ils tuent nos frères", explique ce réfugié qui choisit de garder l’anonymat.

L'Organisation des Nations Unies s'est inquiétée de possibles assassinats ciblés et d'enlèvements par des soldats érythréens, dont l'implication au Tigré a suscité de nombreux témoignages malgré les démentis d'Addis Abeba. Ce weekend, en visite en Éthiopie pour la première fois depuis novembre, le Haut-Commissaire de l'Onu pour les réfugiés, Filippo Grandi, s'est rendu à Mai Aini, un des deux camps du Sud du Tigré où l'ONU peut à nouveau accéder.

Violences à huis clos

Fin novembre, lorsque les combats ont atteint le camp de Hitsats, des miliciens pro-TPLF, furieux d'être défaits par des troupes érythréennes, ont ciblé en représailles les réfugiés. Un matin ils auraient tué neuf jeunes érythréens devant une église du camp. Certaines milices ont stationné pendant des semaines aux abords de ce camp, empêchant les réfugiés, tenaillés par la faim, d'aller chercher de la nourriture, et tuant certains de ceux qui s'y risquèrent quand même.

Les réfugiés témoignent aussi d'abus commis par les soldats érythréens, qui ont emmené, disent-ils, des dizaines d'entre eux vers des destinations inconnues. "Au début, on n'arrivait pas à y croire, ils parlent la même langue que nous", se désole Girmay. Un réfugié raconte avoir vu des soldats érythréens appréhender "26 ou 27" réfugiés et leur poser des questions. "Le lendemain, ils les ont emmenés ailleurs. On ne sait pas où ils sont".

Des violences qui se dérouleraient à huis clos. Ces camps restent inaccessibles au Haut-Commissariat des nations unies pour les réfugiés, mais aussi à l’agence éthiopienne pour les affaires des réfugiés et des rapatriés.

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